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vendredi 26 avril 2013

Euro, les deux erreurs

Euro, les deux erreurs


La divinisation comme la diabolisation de la monnaie européenne sont deux erreurs de la classe politique française.
Affirmer que l’euro, en tant que noyau de l’Union européenne, serait le pilier de la paix en Europe, comme l’ont fait tous les chefs de l’Etat depuis Mitterrand, me paraît difficilement soutenable. Une monnaie et des institutions communes n’ont jamais été de nature à éviter les conflits, surtout à une époque où la plupart des guerres ont un caractère civil, opposant des factions opposées d’une même entité politique (Yougoslavie, Russie, Afghanistan, Irak, Afrique des lacs, etc.) Ce sont les flambées de passion, l’exacerbation des conflits d’intérêt, les haines ethniques ou religieuse, le sentiment d’injustice dans le partage des richesses qui entraînent les dérives sanglante. Cela n’a strictement rien à voir avec l’existence d’une monnaie commune ou de structures à caractère fédéral.  La réconciliation entre la France et l’Allemagne est évidemment bien antérieure à l’euro, remontant au général de Gaulle. Elle est ancrée dans une réalité passionnelle infiniment plus solide que la monnaie unique et les institutions de Bruxelles. Elle est due à la sagesse des dirigeants de l’époque et des deux peuples, à un contexte historique et international issu de la deuxième guerre mondiale. De même, l’amitié entre la France et la Grande-Bretagne, tout aussi profonde, ne saurait avoir le moindre rapport avec la monnaie unique puisque le Royaume-Uni n’en fait pas partie.
Le dogme inverse, celui selon lequel une sortie de l’euro serait le « remède miracle » pour sortir l’économie française du marasme est tout aussi absurde et démagogique. La Grande-Bretagne est dans une situation désastreuse alors que l’économie Allemande s’en sort relativement bien. La disparition de l’euro ne dispenserait en aucun cas la France et les autres nations européennes de l’obligation d’accomplir des efforts et des réformes gigantesques, de réduire considérablement les prélèvements obligatoires, les déficits, et une dette publique monstrueuse, de libérer l’entreprise des contraintes infernales qui pèsent sur elles, bref de  cesser de vivre au-dessus de leurs moyens, de restaurer la compétitivité et de dé-soviétiser l’appareil productif ce qui suppose une véritable révolution. Voir dans la seule sortie de l’euro une sorte de poudre de perlimpinpin dispensant d’une profonde transformation de l’économie française dans le sens de l’effort relève de l’imposture totale.
La vérité, c’est que le débat est prisonnier des idéologies et d’une guerre de religion. Or, la seule chose qui compte, ce sont les réalités. La France a perdu un million d’emplois industriels en 10 ans. L’Espagne compte 24% de sa population au chômage. La Grèce et l’Italie connaissent un appauvrissement de leur pouvoir d’achat et une montée de la misère sans précédent dans l’histoire contemporaine, le taux de chômage de la « zone euro » atteint 12% et l’Europe est devenue une zone de stagnation dans un monde en plein mouvement. Les ergotages sur le degré de responsabilité de l’euro n’ont guère de sens. La politique monétaire est par définition l’un des déterminants essentiel de la situation économique. Les défenseurs inconditionnels de l’euro doivent ouvrir les yeux, sortir de l’aveuglement idéologique : à un certain stade, sauf retournement imprévu de l’évolution économique, les faits risquent d’imposer leur loi. Il sera politiquement et moralement impossible d’imposer le sacrifice de toute une génération pour  perpétuer un système qui aura fait faillite : celui d’une politique monétaire unique et rigide appliquée à des Etats dans des situations extrêmement diverses. La question de sauver l’unité politique de l’Europe, l’amitié et l’alliance entre ses peuples, en faisant le sacrifice de la monnaie unique au profit d’une solution plus souple et respectueuse de la diversité des situations peut alors se présenter de manière légitime et sans démagogie: coexistence d’une monnaie commune et de monnaies nationales ou euro à géométrie variable… J’attends le premier de ma famille politique qui aura le courage, l’audace, la lucidité de poser la question en ces termes.

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