TOUT EST DIT

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vendredi 6 décembre 2013

Hollande saute sur Rennes

Hollande saute sur Rennes


François Hollande est un vrai chef de guerre. Il en a administré une nouvelle preuve mercredi soir. Le président de la République a retrouvé discrètement des élus de gauche au ministère de la Défense pour y parler, non pas de l’intervention en Centrafrique, mais de la contre-attaque en Bretagne. Tels les légionnaires à Kolwezi, François Hollande s’apprête à sauter sur Rennes pour sauver les Bretons.
Le chef des armées a eu le langage martial qu’il fallait pour doper ses troupes : « Moi je suis au travail, vous, vous devez être au combat ». Ses « p’tits gars » revigorés sont retournés dans leur région affronter les bonnets rouges. Ils ne repartent pas les mains vides, puisque le gouvernement fait donner l’artillerie lourde. Deux milliards d’euros seront consacrés au « pacte d’avenir », destiné à redonner du tonus à l’économie bretonne. C’est pas mal, même si c’est moins que les cinq milliards promis à Marseille. Comme quoi, le bruit de la kalachnikov est plus efficace que le son du biniou, même en colère, pour faire bouger l’État.
Les premières réactions ne sont pas à la hauteur de l’effort. Les révoltés du poulet volent dans les plumes de Matignon et les élus de droite ont l’impression de sentir l’algue verte. Le président de la République a choisi les godillots de gauche pour remettre la Bretagne au pas. L’enjeu est électoral. Il faut éviter de rester en rade à Brest ou Lorient.
Alors que la majorité chante joyeusement « ils ont les chapeaux pleins de ronds, vive les Bretons », les autres régions murmurent « elles n’ont pas un rond, les autres sont des c… » Une telle politique revient à favoriser ceux qui hurlent le plus fort ou cassent le plus de péages. La sage Alsace n’a pas peint ses bretzels en rouge pour défendre son TGV ou sa centrale nucléaire sacrifiée. La Bourgogne n’a même pas dit que la moutarde lui montait au nez. Bien mal leur en a pris. La manne élyséenne les ignorera.
En revanche, aucune région ne sera laissée de côté quand il s’agira de trouver les milliards si généreusement octroyés. L’offensive bretonne sera financée à crédit. Mais une chose est sûre : on ne gagne jamais la guerre en tirant à blanc.

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