Même avec l’aval de l’ONU et de l’Union africaine, l’intervention française à Bangui est une aventure militaire sans lendemain, sans réel soutien et sans guère de justification. La Centrafrique est la plus malheureuse de nos ex-colonies africaines. Elle est sous le joug de bandes armées. Les coupeurs de routes, de bras et de jambes s’y livrent à des exactions. Ces faits suscitent la pitié et la compassion. Impliquent-ils pour autant un déploiement de l’armée française ? Et d’ailleurs, pour faire la guerre à qui ? Nos partenaires européens, eux, restent l’arme au pied. Michel Rocard disait en 1989 que la France ne pouvait pas héberger chez elle toute la misère du monde. Elle ne peut pas non plus être le justicier de toutes les atrocités de la planète.
La France n’a pas d’intérêts stratégiques en Centrafrique. Aucun groupe terroriste ne l’utilise comme base arrière contre nous. Aucun génocide ne s’y déroule. Il y a très peu d’expatriés sur place et les grands groupes français s’en désintéressent. En réalité, ce pays est victime d’une gouvernance en faillite, d’une absence d’Etat de droit, de la corruption généralisée et de la cupidité pour ses mines de diamants, d’or et d’uranium. C’est aux grands pays africains d’y restaurer la loi et l’ordre.
L’Afrique, en plein essor, a beaucoup d’atouts pour être le continent de l’avenir. La première condition est qu’elle prenne en main sa sécurité. La France l’a bien compris qui pousse les forces africaines à prendre très vite le relais de son opération à Bangui. Si le sommet Afrique-France qui se tient jusqu’à samedi à Paris pouvait faire avancer cette cause, il n’aurait pas été totalement inutile.