samedi 16 novembre 2013
Les trois options d’Hollande
Les trois options d’Hollande
Gouverner consiste à trouver l’équilibre entre le souhaitable et le possible. Aujourd’hui, ce que le pouvoir souhaite est rejeté. On n’impose pas une politique désapprouvée par huit Français sur dix sans prendre le risque, évidemment imprévisible, d’une révolte.
François Hollande se retrouve dans une situation qui tient à la fois à l’état du pays dont il a hérité, à une politique inadaptée à l’ampleur du problème et à une Europe du chacun pour soi. Une situation triplement inédite : il est désavoué, et très rapidement, y compris par le cœur de son électorat ; il est combattu par ceux qui soutenaient les réformes - l’écotaxe, les rythmes scolaires, la TVA, le désendettement… - qu’il croyait consensuelles ; il est piégé par la hausse simultanée des impôts, de la dette et du chômage.
Pour rebondir, il existe trois solutions que Matignon et l’Élysée retournent dans tous les sens.
Primo, faire le gros dos, compter sur une croissance aléatoire (- 0,1 % ce trimestre) qui produit toujours autant de richesse pour la finance et toujours peu de bénéfices pour l’investissement, l’emploi et les salaires.
Attendre l’inversion d’une courbe, comme les vagabonds de Beckett attendaient Godot, c’est donc s’exposer à l’impatience sociale et à la défaite électorale.
Secundo, remanier le gouvernement. Au bout de dix-huit mois et sous la pression des événements, on peut rêver meilleures conditions ! S’il s’agit de renvoyer quelques têtes sans modifier le cap, l’effet sera de courte durée. Changer de Premier ministre - à condition d’en trouver un qui soit capable de fédérer une majorité au Parlement - ne résoudra pas la question de l’attentisme élyséen.
Dans le temps court du quinquennat, le remaniement est un fusil à un coup qu’il faut employer le plus tard possible, tant le rythme politique et médiatique use les hommes. Or, chacun pressent que remanier maintenant ne dispenserait pas de recommencer après des européennes forcément désastreuses.
Tertio, dissoudre l’Assemblée. François Mitterrand avait d'ailleurs utilisé la cohabitation pour sa réélection (1). Cette solution, qui consiste à redonner la parole au peuple et à cohabiter avec un Premier ministre de droite, ne s’impose que s’il faut trouver un moyen radical de calmer l’exaspération.
Faire bloc ne résistera pas au tumulte contestataire. De gré ou de force, François Hollande, pour la paix du pays et pour la sienne, doit adapter sa politique. Pour une raison simple.
À partir du 1er janvier, comme si la coupe ne débordait pas, les Français devraient payer quelques milliards de plus. Mais certaines décisions contestées auront du mal à s’appliquer. L’écotaxe est enterrée pour longtemps. Le gouvernement cède sur la fiscalité de l’épargne, sur le foncier non bâti. Les contribuables, surtout les classes moyennes, défiscalisent au maximum, pour contourner un impôt qui décourage. Au total, il va manquer des milliards.
La France et l’Europe ont besoin d’un grand choc. Il existe de l’épargne, publique et privée, pour financer l’industrie, le bâtiment, la transition énergétique. Une réforme radicale de l’État permettrait d’optimiser la dépense publique. Une remise à plat de la fiscalité - LA grande promesse de François Hollande - servirait l’emploi.
Pour cela, il faut que la gauche ait le courage de regarder la réalité, de se dire les choses au sommet de l’État et de décider.
(1) Phrase réécrite. La première version laissait croire, en effet, que François Mitterrand avait décidé de dissoudre pour se faire réélire, ce qui est historiquement faux. Pardon pour cette inexactitude qui ne change du reste rien à l'analyse. MU.
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