mardi 19 novembre 2013
En guerre contre le peuple
En guerre contre le peuple
Le pays légal est parti en guerre contre le pays réel. On le savait depuis longtemps ; et la preuve décisive en aura été l’affaire du « mariage pour tous » qui sacralise le mépris de la réalité, et de l’ordre. Mais le pays réel n’en peut plus. Partout la contestation, la colère, la désespérance aussi de « la France qui se lève tôt » se manifestent avec une intensité croissante. Jusqu’à devenir insurrectionnelles. A quoi le pouvoir n’oppose que sa surdité volontaire.
Jean-Marc Ayrault a juré vendredi que « sa main ne tremblait pas », manière de dire à ceux qui voient les portes de leur avenir se fermer que leur angoisse n’infléchira pas sa politique d’asphyxie fiscale et de mise au pas socialiste. Du président de la République au dernier des sous-ministres, c’est collectivement qu’ils en assument la responsabilité. La France n’a pas besoin d’un remaniement ministériel ou d’une dissolution de l’Assemblée, mais d’un vrai chef d’Etat, à la tête d’une nation souveraine dégagée de l’autre dictature qui nourrit celle du PS : celle du pouvoir « européo-bancaire ».
Ainsi Najat Vallaud-Balkacem a-t-elle pu déclarer, alors que les forces vives de la France se révoltent les unes après les autres, que « la solidarité fiscale est de retour en France ». Invoquant le « portrait social 2013 » publié par l’INSEE, elle note avec gourmandise que la part des prélèvements dans la réduction des écarts de niveau de vie a augmenté de 2 points entre 2011 et 2012, passant de « 35 à 37 % ». En clair : le rabotage des revenus des plus aisés permet de les rapprocher davantage du niveau de vie des plus modestes ; avant redistribution, le niveau de vie moyen des 20 % les plus riches était 7,6 supérieur à celui des 20 % les plus pauvres, après redistribution, le multiplicateur tombe à 4.
Mais que les plus riches soient moins riches (rêve de tout régime socialiste avec sa Nomenklatura protégée) ne garantit pas que les pauvres soient moins pauvres. A force de prélèvements et d’insécurité fiscale, la situation devient au contraire intenable. Les recettes fiscales de 2013, en hausse sur le papier, sont en chute libre. Bernard Cazeneuve, ministre du Budget, avoue 5,5 milliards d’euros de moins que ce qui était prévu. La faute à la « conjoncture », selon lui : moins un milliard de TVA en raison d’une consommation en berne, moins quatre milliards d’impôt sur les sociétés (les carnets de commandes et chiffres d’affaires sont en chute libre), et même l’impôt sur le revenu, pourtant fortement augmenté, perdrait 500 millions cette année. Gilles Carrez (UMP) parle même de 3,1 milliards de moins par rapport aux prévisions initiales de la loi de finances.
Mais, comme le commente un site de conseil pour l’épargne, aujourd’hui « réduire ses revenus devient la première des niches fiscales » : c’est vrai pour les professions indépendantes. Mais on note aussi la baisse du recours des services à la personne, sur lesquelles les charges pèsent lourdement. Le Bulletin d’André Noël de ce lundi énumère pour les moins fortunés « l’exil fiscal intérieur » qu’est le travail au noir, le troc, les « monnaies parallèles », toutes les parades trouvées par une population lasse de voir annoncer un fantasmagorique retour de la croissance alors que leur portefeuille se vide à coups de prélèvements obligatoires. A quoi s’ajoutent les innombrables plans sociaux et licenciements : 17 000 emplois en moins dans le seul secteur marchand au troisième trimestre.
Samedi, avec quelque trois ou quatre mille camions bloquant les routes de France, les choses auraient pu tourner très mal. Il ne s’agit là que des petits patrons et camionneurs mobilisés par un syndicat minoritaire, l’OTRE(Organisation des transporteurs routiers européens) qui espéraient encore la veille mobiliser 1 500 ou 2 000 camions. Ils se sont levés contre cette écotaxe que le gouvernement, dont « la main ne tremble pas », entend peut-être revoir un peu, mais qu’il ne consent pas à supprimer malgré les milliers d’emplois en jeu et le scandale de la privatisation de sa collecte au profit d’Ecomouv. Ces barrières grises qui barrent les routes avec leurs batteries de caméras sont comme l’incarnation de la pression fiscale. L’agression de trop. Les camions ont levé leurs barrages filtrants samedi soir mais leur puissance est là, manifeste : demain ils peuvent tout bloquer ; Paris et Rungis. Et demain, c’est le 2 décembre, avec une grève des routiers.
Il ne se passe pas de jour sans qu’une catégorie de la population se dresse avec l’énergie du désespoir : les courtiers de mutuelles de santé, les magasins de proximité, les ambulanciers, les poney-clubs, les restaurateurs, les travailleurs frontaliers contraints de quitter leur assurance-santé privée pour verser leur écot dans le puits sans fond de la sécurité sociale.
Face à cela, la réponse peut-elle être seulement d’ordre économique ? Certes non ; nous sommes face au règne de l’absurde qui accompagne l’ordre renversé.
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