Dans le titre, il est question d’une France et non pas de la France en général. Le choix de l’indéfini n’a rien de fortuit, il découle de la simple volonté de montrer que la France vit aujourd’hui un moment de scission douloureux et crucial déterminant l’avenir de son héritage spirituel, donc, de son identité.
jeudi 10 octobre 2013
Requiem pour une France chrétienne
Moi qui ne porte pas Rousseau dans mon cœur, je me permettrai cependant de démarrer ce réquisitoire en citant une pensée que je n’aurais su formuler plus exactement qu’il ne l’a fait : « Quand un peuple ne défend plus ses libertés et ses droits, il devient mûr pour l’esclavage ». Cet assujettissement que les Lumières comprenaient dans un sens propre au nihilisme révolutionnaire procède aujourd’hui de ce même nihilisme suicidaire qui touche à son point culminant. Au lieu de dire du Front National qu’il est un parti patriote, on préfère prétendre qu’il est un parti d’extrême-droite simplement sur le fait que patriotisme et fascisme, au détriment du Robert et du Larousse, sont déclarés synonymes. Au lieu de dire la France est chrétienne par essence, on préférera dire qu’elle est tout sauf telle, mélangeant subtilement le principe ô combien louable de laïcité avec celui de christianophobie. Les valeurs judéo-chrétiennes définissant viscéralement le code déontologique de n’importe quel Français, la christianophobie fait toujours pendant à la francophobie, corrélation que l’on retrouve d’ailleurs sous sa forme la plus saillante dans les quartiers chauds.
Beaucoup d’experts, de sites nationalistes ou identitaires, de blogs contestataires ont tendance à répertorier les cas de nouveaux venus non-assimilés perpétrant des horreurs prescrites par la Charia ou s’obstinant à pratiquer la prière des rues. Ce n’est qu’un symptôme. En réalité, ces gens-là qui essayent d’imposer à la France un système de convictions incompatible avec les fondements spirituels de l’Europe ne le font que pour la simple et bonne raison que notre pays s’est renié. Or, la nature se défiant du vide, elle tend à le remplir dès que l’occasion se présente, quitte à se parer de mauvaises herbes. Ainsi, au lieu de répéter à longueur de journée que la France est laïque – et elle l’est, arrêtons d’enfoncer les portes ouvertes – il faudrait peut-être enfin scander ceci : la France sera chrétienne ou ne sera pas.
Il faudrait peut-être rétablir le principe de suprématie du catholicisme punissant vigoureusement toute atteinte à l’Eglise et à la foi de manière plus générale. Voici quelques chiffres prégnants mentionnés par Bernard Antony dans Observatoire de la Christianophobie. J’ai compilé, dit-il, les manifestations de christianophobie en France parmi les 1243 articles publiés et lus 1,4 millions de fois, entre le 1er janvier [2013] et le 30 septembre [2013], c’est-à-dire pendant les seuls 9 premiers mois de 2013.
Interruption ou perturbation de Messes ou de cérémonies religieuses : 4 cas.
Piratages informatiques de sites ou de blogs chrétiens : 6 cas.
Discrimination sociales ou professionnelles contre des chrétiens en raison de leur religion : 8 cas.
Agressions contre des prêtres ou des religieux : 8 cas.
Articles ou propos injurieux pour les chrétiens et la religion chrétienne dans les médias de la « bienpensance » : 11 cas.
Tentatives d’incendies et incendies d’églises ou de lieux de culte chrétiens : 17 cas, quasiment deux par mois !
Profanation et actes de vandalisme de cimetières chrétiens : 25 cas, soit environ un tous les dix jours !
Profanations d’églises et actes de vandalisme contre et dans les lieux chrétiens ; 70 cas, un peu plus de deux par semaine !
Insultes publiques contre les chrétiens, blasphèmes publics contre le christianisme, vandalisme ou destructions de symboles ou d’objets chrétiens : 109 cas, environ un tous les deux jours !
Je remercie M. Antony d’avoir dressé ce bilan, précisant qu’il ne s’agit bien sûr que de données officielles, les chiffres réels étant bien plus considérables.
Quel constat formuler ces statistiques devant les yeux ? Que la christianophobie est une nouvelle idéologie dont on parle à peine tant elle paraît absurde mais que l’on retrouve pourtant à travers une accumulation inquiétante de faits divers illustrateurs dont les acteurs sont souvent eux-mêmes français. Qu’un professeur qui est athée militant ait sanctionné un élève de cinquième parce que celui-ci avait osé se signer lors d’une visite de la cathédrale Saint-Just est un fait divers avoisinant l’anecdote et n’engageant que la responsabilité de ce professeur. Or, à moins d’en rester là, on se rend compte que son étrange caprice n’a pas été dénoncé par le proviseur, pas plus que par l’équipe pédagogique dans son ensemble. Voici un exemple à petite échelle qui sous-tend des initiatives autrement plus emblématiques. C’est ainsi que l’Observatoire de la laïcité – institution inutile, un ministre de l’Intérieur suffisant amplement – propose de remplacer deux fêtes chrétiennes par le Yom Kippour et l’Aïd, soit une fête juive et une fête musulmane. Va encore s’il s’agissait de rajouter deux jours fériés mais pourquoi remplacer des points de repères ancestraux ? Allez donc poser la question à Madame Bouzar ou à Monsieur Bianco. En réalité, cette mesure jésuite visant soi-disant à établir une illusion d’égalité entre les religions présentes en France a vocation à préparer les Français à une suppression progressive de toutes les fêtes chrétiennes, ce qui est par ailleurs le rêve le plus délicieux de messieurs Bergé et Delanoë (quoique ce dernier fasse plutôt l’apologie d’une réduction et non pas d’une suppression immédiate des fêtes en question). Quand on sait que le marché de Noël d’Amiens, le plus grand du nord de la France, a été rebaptisé en marché d’hiverpour ne pas froisser les sentiments religieux de certaines communautés musulmanes non intégrées, on ne s’étonne plus des suggestions de l’Observatoire et de ses sympathisants.
Ce fléau d’auto-déni qui massacre la France par le biais de ses propres dirigeants et avec la contribution à degrés divers des brebis qui leur sont soumises est l’effet direct d’une religion de remplacement très mal nommée : la religion laïcarde. Longuement considérée comme salutaire, on ne s’est pas aperçu comment, au fil des époques, elle a désimmunisé la France en particulier, l’Occident en général. Sacralisée comme l’on sacralise une religion, on a voulu l’appliquer à la politique, donc au temporel, donc, à l’immanent et au faillible. Or, selon Jean-Louis Harouel, professeur d’histoire du droit à Paris II, « le vrai génie du christianisme a (…) consisté, [dans la mesure où il a dissocié le temporel et l’idéologie] à favoriser la naissance de l’individu, lequel a inventé, chemin faisant, la liberté ». Cette thèse appartient initialement à Jean Fourastié, éminent économiste qui a montré comment le christianisme avait conditionné le développement économique européen. Croyant se libérer par les préceptes négateurs de la Révolution, la France a projeté son propre programme de destruction dont la crise identitaire et le remplacement ethnique est le summum.
Quand un peuple ne défend plus son héritage, permettez-moi de reformuler, il devient mûr pour l’esclavage. Est-ce cela que nous voulons pour nos enfants, un asservissement à d’autres cultures plus viables, plus bellicistes ? Je ne le pense pas.
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