TOUT EST DIT

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jeudi 10 octobre 2013

"Voter FN n'est pas français !"

Voter pour Marine Le Pen est une erreur, voire une faute. Mais l'incompétence et le conservatisme de nos politiques font le lit du Front national.


Comme d'habitude, les sphères politique et médiatique s'agitentdevant les scores du Front national dans les sondages et dans les urnes. Dès qu'est démontrée, par une étude ou une élection, la progression constante de ce parti, chacun semble surpris, inquiet, et cherche à trouver des arguments pour retenir ceux qui seraient tentés par le vote extrême. Pour cela, certains, comme Harlem Désir, font ce qui n'a jamais marché et qui est sans doute contre-productif, de l'antiracisme. D'autres font ce que faisait Nicolas Sarkozy, aller sur le terrain du FN pour canaliser l'exaspération, c'est à ça que sert Manuel Valls. D'autres enfin ont une réponse creuse parce qu'ils sont creux, c'est le cas de la plupart des futurs candidats à la primaire UMP.
François Fillon a ouvert une étrange et dangereuse brèche en mettant sur le même plan les candidats socialistes et frontistes. Il n'a de toute façon en tête que l'élection de 2017, ce qui est regrettable compte tenu de l'actualité d'autres enjeux. Bruno Le Maire passe pour un type sérieux et raisonnable, mais on ne retient rien de ses interventions, ce qui est le cas aussi de François Baroin, lequel a au moins le mérite de rappeler l'imperméabilité de la frontière qui existe entre droite et extrême droite. Alain Juppé semble hésiter à se lancer dans la course, son état d'esprit depuis une trentaine d'années. Jean-François Copé ne parvient pas à mettre les sus-cités sous son autorité de président du parti, et pour cause, l'ombre de Nicolas Sarkozy continue de planer. Ce dernier, pour l'instant, ne fait rien. Il est d'ailleurs assez décourageant de constater que celui qui se voulait le président des entrepreneurs, du mérite, des risques, etc. n'ait strictement rien accompli de substantiel, de créatif, de réel depuis qu'il n'est plus chef de l'État, quelques conférences mises à part.
Comment peut-on à la fois réclamer des Français qu'ils se lèvent plus tôt, pour travailler plus longtemps, probablement avec des salaires plus faibles et moins de droits sociaux, dénoncer les avantages dont bénéficient les fonctionnaires et le niveau des impôts qui s'abattent sur les salariés du privé et s'exonérer soi-même de ce discours en profitant des largesses d'un État ruiné ? La République ne peut plus se payer le luxe d'entretenir des enfants gâtés et son ancien président devrait en prendre conscience.

Attention, les Français sont des gens qui coupent des têtes

Il faut bien avoir en tête qu'une des raisons déterminantes de la tentation Marine Le Pen, c'est le sentiment diffus et fondé que l'administration, au lieu d'être efficace, juste et scrupuleuse, comme le justifierait son coût exorbitant pour des millions de Français obligés à mille renoncements pour s'acquitter de leurs impôts, est en fait gangrenée de bas en haut par un essaim de petits et grands abus. Les contribuables ont l'impression, souvent à raison, que la puissance publique jette leur argent par les fenêtres, l'emploie à mauvais escient, se laisse guider et aveugler par l'idéologie ou la corruption sous toutes ses formes, et de cela, constatant que la gauche comme la droite laissent perdurer le système, voire l'aggravent, ils sont exaspérés et se tournent plus ou moins timidement vers celle qui semble la plus déterminée à trancher dans le vif.
Comment la classe politique fait-elle pour ne pas réagir ? N'a-t-elle pas conscience qu'elle creuse sa tombe ? Que les Français sont des gens qui coupent des têtes ? Qu'ils ont du courage, de l'indépendance d'esprit, savent faire la guerre et forcer les portes des palais ? Si chaque jour depuis le 6 mai davantage de gens annoncent qu'ils voteront à l'extrême droite, ça n'est pas parce qu'ils sont racistes, stupides ou frustrés. C'est parce qu'ils sentent qu'une partie des élites les méprise, parce qu'ils savent qu'une partie du pays profite d'un système exsangue que l'autre partie se crève à faire subsister, et parce qu'il y a trop de gens, beaucoup trop de gens, qui bénéficient de passe-droits, de petites subsistances du passé, de privilèges illégitimes, de salaires indus et de fonctions fantômes. Bien entendu, je noircis le trait, mais le trait est noir.

Il faut tout changer, sinon Mme Le Pen sera élue

Bien sûr, la majorité des fonctionnaires et des élus agissent avec le sens de l'État et la volonté de faire que la France reste la France. C'est sans doute pour cette raison qu'ils peinent à répondre aux invectives lancées avec vigueur par cette dame à la voix rauque qui est en train de gagner le coeur des Français. Mais peut-on pour autant ne pas réagir ? Il faut tout changer, sinon Mme Le Pen sera élue, gouvernera avec son sinistre entourage et isolera un pays qui a besoin de l'Europe pour se battre dans la mondialisation. Les efforts qui sont faits dans la réduction des déficits ou la moralisation de la sphère publique doivent être loués, mais pointés pour leur insuffisance. Les exemples abondent, marronniers des hebdomadaires qui consacrent au moins deux unes par an à la fuite en avant des finances des collectivités locales ou à l'argent caché de telle ou telle institution
Un exemple, un seul parmi mille : peut-on encore accepter que les élèves de l'École normale supérieure soient rémunérés par l'État pendant leurs études, au nom d'un travail de recherche qu'ils se gardent bien d'accomplir et alors que ce sont pour la plupart des enfants de bourgeois ? Combien coûte cette farce ? Pourquoi ne pas au moins soumettre le versement de ces salaires à des conditions de ressources familiales ? On peut dire que c'est mineur, que le dénoncer est populiste, que c'est une goutte d'eau... ; on peut dire ça à chaque fois et c'est parce qu'on dit ça à chaque fois que rien ne change, et c'est parce que rien ne change que l'envie d'un grand coup de balai monte dans le pays. 

Un exemple, un seul parmi mille : peut-on encore accepter que les élèves de l'École normale supérieure soient rémunérés par l'État pendant leurs études, au nom d'un travail de recherche qu'ils se gardent bien d'accomplir et alors que ce sont pour la plupart des enfants de bourgeois ? Combien coûte cette farce ? Pourquoi ne pas au moins soumettre le versement de ces salaires à des conditions de ressources familiales ? On peut dire que c'est mineur, que le dénoncer est populiste, que c'est une goutte d'eau... ; on peut dire ça à chaque fois et c'est parce qu'on dit ça à chaque fois que rien ne change, et c'est parce que rien ne change que l'envie d'un grand coup de balai monte dans le pays. 
Voter pour des candidats du Front national est un abaissement, une erreur, une légèreté coupable. Mais il incombe au pouvoir en place de désigner un objectif et d'indiquer la voie pour l'atteindre. "Réussir la transition énergétique" ou "être en pointe sur le numérique", comme semblent le souhaiter les ministres, n'est pas à la hauteur d'un pays comme la France, terre de nuit, de violence et de sang. Il lui faut autre chose. Notre rôle dans le monde, c'est de le réenchanter. Notre force, c'est l'art, c'est l'écriture, c'est l'élégance mélancolique, c'est le charme. Marine Le Pen n'a rien de tout ça

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