Présentée hier matin en Conseil des ministres, la réforme pénale sera soumise au Parlement le 8 avril,… après les municipales. Pas question, pour l'exécutif, d'en faire un élément susceptible de polluer une campagne qui s'annonce assez difficile comme cela. Autant dire que Christiane Taubira devra s'accommoder de ce qui ressemble à un sursis avec mise à l'épreuve. Il ne sera pas de trop pour que la garde des Sceaux parvienne à convaincre ceux qui critiquent son projet de loi édulcoré. Elle qui voulait un examen parlementaire « le plus rapidement possible » est condamnée à ronger son frein.
Boule de suif derrière les barreaux !
jeudi 10 octobre 2013
Le sursis pour Taubira
Il est vrai qu'elle a une grosse part de responsabilité dans la crispation d'un débat traditionnellement houleux. On peut regretter que des questions aussi délicates que la récidive et l'individualisation des peines engendrent des affrontements caricaturaux. Il devrait être permis de s'interroger sur la pertinence de notre système pénitentiaire et les limites du « tout carcéral ». Il devrait être possible de réfléchir sur le rôle de la prison, école du crime plutôt que lieu d'amendement et d'apprentissage de la réinsertion.
Hélas ! Christiane Taubira a fait de l'idéologie et du sectarisme là où il aurait fallu faire de la pédagogie. Sa conférence de consensus n'a constitué qu'un alibi partisan, et sa prédétermination a fait peu de cas des avis des syndicats de police ou des associations de victimes. Les disputes internes entre l'Intérieur et la Chancellerie, restées sans véritable arbitrage de François Hollande, n'ont pas été de nature à apaiser une opinion que le sentiment d'insécurité rend plutôt répressive.
Bien sûr que Christiane Taubira ne veut pas aller jusqu'à « vider les prisons », mais elle a agité trop de chiffons rouges en évoquant des libérations automatiques. Dommage qu'entre adeptes de la « coercition » ou partisans de la « rédemption » le dialogue ait été cadenassé. Dommage qu'il n'y ait pas eu place pour l'analyse lucide de la criminologie et des expériences étrangères. Car il ne s'agit pas seulement de construire ou non des prisons, mais d'aider les moins dangereux à se reconstruire un avenir.
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