TOUT EST DIT

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samedi 26 octobre 2013

Hollande : « Je n’suis pas bien portant »

C’est en 1934 que le chanteur Gaston Ouvrard interpréta pour la première fois sur la scène d’un music-hall ce qui devait être son plus grand succès. Quelques amateurs connaissent encore les paroles loufoques de Je n’suis pas bien portant : « J’ai la rate/Qui s’dilate/J’ai le foie/Qu’est pas droit/J’ai l’pylore/Qui s’colore/J’ai l’gésier/Anémié/L’estomac/Bien trop bas » et le refrain :« Ah bon Dieu qu’c’est embêtant d’être toujours patraque !/Ah bon Dieu qu’c’est embêtant je n’suis pas bien portant ! »

La chanson et son auteur bénéficiant d’une longévité exceptionnelle, notre dernier comique troupier se fit encore applaudir une dernière fois dans son uniforme de tourlourou et son air fétiche lors d’une émission de Guy Lux en 1971.
Propulsé sur le devant de notre scène politique à la suite de la double défaillance des deux vedettes qui devaient figurer à l’affiche, le premier président comique de la Ve République a pris l’habitude de chantonner ces derniers temps sous les lambris de l’Élysée, sur de nouvelles paroles et la même musique, une version modernisée de Je n’suis pas bien portant, dont Boulevard Voltaire, qui a pu se la procurer, est heureux de vous offrir l’exclusivité :
« J’ai l’chômage/Qui s’propage/Le courage/Qui fout l’camp/Les sondages/Désolants. J’ai l’PS./Qu’est en baisse/Le Désir/D’pire en pire/ Ségolène/Qui s’démène/Manuel Valls/Au pinacle/Mais Ayrault/À zéro/Les impôts/Bien trop gros », etc.
Le refrain est resté celui d’Ouvrard. Oui, François Hollande est bien patraque et ce n’est pas demain qu’il sera bien portant. La grotesque gestion par le chef de l’État de l’affaire Leonarda n’a fait que précipiter le discrédit où celui-ci s’enlisait depuis des semaines. Car il y a un moment que, pour lui, les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent, comme dit une autre chanson.
Non seulement les deux courbes que le Président et ses conseillers surveillent comme le lait sur le feu, celle du chômage et celle de l’impopularité, ne s’inversent pas, mais elles poursuivent leur inexorable montée parallèle dans un contexte où tout le reste baisse : prestige de la France, autorité de l’État, production, pouvoir d’achat. L’État, à bout de ressources, ne cesse d’inventer de nouvelles taxes qui soulèvent de telles réactions qu’à peine instaurées elles sont retirées, ce qui oblige à créer d’autres impôts qui suscitent naturellement les mêmes oppositions et désormais les mêmes révoltes et à reculer devant la colère, les menaces et désormais les actions des catégories et des individus concernés. Les agriculteurs, les ouvriers, les chômeurs, les retraités, les classes moyennes, et jusqu’aux Bretons, sont entrés en dissidence. La majorité se fissure, les ministres font mine d’interrompre leurs disputes le temps d’un Conseil puis reprennent aussitôt leurs querelles, les écologistes multiplient les pieds de nez au gouvernement où ils siègent, les députés et les sénateurs socialistes bravent les consignes et certains vont jusqu’à repousser les projets du gouvernement, les élus comme les battus claquent la porte du PS. Et voici qu’il faut repartir en guerre contre l’hydre du djihadisme dont on s’était un peu vite targué d’avoir coupé les têtes. Ah bon Dieu qu’c’est embêtant…
Encore le Président a-t-il dans son malheur la chance qu’une réforme de circonstance ait réduit à cinq ans la durée de son mandat. Plus que trois ans et demi, et ce sera la quille, comme aurait dit Ouvrard.
Cela dit, quand on voit où en est François Hollande dix-huit mois après sa prise de fonction, il est permis de se demander dans quel état seront sa personne, la présidence et notre pays en 2017, et même s’il réussira à tenir jusqu’au bout, comme il en a le droit. Dès à présent, deux quasi-certitudes : que ce soit avec la majorité actuelle, que ce soit, après une éventuelle dissolution, avec une majorité hostile, le plus probable est qu’il sera contraint à une cohabitation qui videra de sa substance la coquille présidentielle. Quant au candidat de la gauche à la prochaine élection présidentielle, il y a peu de chances qu’il se prénomme François. La nature, et particulièrement la nature politique, a horreur du bide.

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