TOUT EST DIT

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lundi 23 septembre 2013

Comment Hollande a voulu “tuer” Fillon


Cabale. La polémique autour des propos de François Fillon sur les relations avec le Front national révèle moins la droitisation de l’UMP que son immense fébrilité. Et l’offensive menée par Hollande fait apparaître au grand jour la peur panique de la gauche face à une droite décomplexée.
Un séisme. En déclarant qu’il pourrait à l’avenir voter pour « le moins sectaire » des candidats dans le cas d’un second tour entre le PS et le FN, François Fillon s’attendait-il à focaliser sur lui, sur sa stratégie et ses revirements, toute l’attention des médias et de la classe politique ? Selon les informations deValeurs actuelles, l’ancien premier ministre n’avait pas prévu, en se rendant sur le plateau du Grand Rendez-vous Europe 1- le Monde-iTélé, le 8 septembre, d’ouvrir une brèche dans la ligne du “ni-ni” (ni Front national, ni front républicain) adoptée par l’UMP avec la refonte de ses statuts, en juin 2013.
Mais, à l’Élysée, un politicien cynique et calculate
ur veille au grain. François Hollande sait trop bien qu’entretenir la montée du Front national, comme le fit son prédécesseur François Mitterrand (lire notre encadré ci-dessous), peut lui assurer une réélection face à Marine Le Pen en 2017. Quelques jours plus tôt, le chef de l’État s’était secrètement entretenu avec Fillon au téléphone. Au menu de leur discussion, la crise syrienne. François Hollande reproche à l’ancien premier ministre de réclamer, à cor et à cri, un vote du Parlement sur la question. Fillon confirme sa position : même si la Constitution permet au chef des armées de lancer une action militaire sans consulter les Assemblées, il tiendra sa ligne. Et conseille même au chef de l’État de mieux considérer Poutine, dont il connaît la fiabilité pour avoir été son vis-à-vis durant quatre ans. L’échange est houleux. Alors qu’il est à l’origine du coup de téléphone, Hollande raccroche, excédé.
Il va se venger. Depuis l’Élysée, le président commence à tirer les ficelles d’une machination politique destinée à abattre Fillon. Les hiérarques socialistes sont missionnés par SMS pour monter au créneau contre celui qu’ils accusent d’avoir franchi la ligne rouge.
Surpris, l’ancien premier ministre assure à ses soutiens que sa conviction n’a pas changé. Certains d’entre eux, dont Jérôme Chartier, son bras droit, s’empressent de le défendre. On évoque un « malentendu », du « second degré ». On redoute sa mise hors jeu par une transgression du dogme suprême édicté hier par Chirac, perpétué aujourd’hui par Copé. Mais le baromètre de l’action politique Ifop-Paris Match va changer la donne : Fillon gagne 6 points de bonnes opinions, passant de la 9e à la 6e place dans le classement des personnalités politiques préférées des Français. Mieux : alors qu’un de ses soutiens nous confiait en juillet que « le principal problème de François est qu’il est très populaire, sauf dans son parti », Fillon gagne en popularité sur l’électorat UMP (84 % de bonnes opinions, en hausse de 6 points par rapport à juillet 2013) et parmi les électeurs de Sarkozy en 2012 (86 %, en hausse de 10 points) ! Le cataclysme se transforme en aubaine, d’autant qu’il progresse aussi parmi les électeurs du Front national (60 %, en hausse de 11 points)…
La contre-attaque est rude. Les médias doutent. Lui demandent de « clarifier » sa position. Cinq jours après sa première déclaration, François Fillon se rend à Nice. Va-t-il rentrer dans le rang ? Au contraire ! L’ancien premier ministre maintient ses propos. Tranche le noeud gordien. S’affranchit du dogme. La phrase a eu l’effet d’un tsunami, emportant sur son passage toutes les certitudes établies : Fillon refuse d’emprunter la voie qui s’offrait à lui, celle de la posture centriste qui le conduisait à une défaite certaine. Et rebat les cartes du jeu politique à droite.
Jean-Louis Borloo est un diesel. Le mardi 10 septembre, il a déjeuné avec François Fillon à la buvette de l’Assemblée. Au menu, la petite phrase lâchée deux jours plus tôt, qu’il se refuse à condamner fermement. Mais à la tribune de l’université d’été de l’UDI, les 14 et 15 septembre, les centristes se succèdent et martèlent les avertissements. Borloo monte sur scène à son tour pour tacler l’UMP, « morte cette semaine » par la faute de Fillon, coupable d’avoir « profondément sapé le fondement doctrinal et républicain » du parti....Lire la suite sur le JDD

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