TOUT EST DIT

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lundi 23 septembre 2013

Au secours, la croissance revient !


Les dépenses publiques continuent de progresser malgré les grands discours officiels (+ 0,5 % au 2 e trimestre).

Les hirondelles sont reparties vers l'Afrique pour y passer l'hiver, ce qui rend un peu triste, mais la croissance est, paraît-il, de retour enEurope, ce qui est une consolation. Après six trimestres consécutifs de recul, le PIB de la zone euro a progressé de 0,3 % au deuxième trimestre. En France, l'OCDE parie désormais sur une croissance de 0,3 % en 2013, alors qu'elle prévoyait il y a deux mois encore un recul de 0,3 %.
Si on peut comprendre le soulagement d'avoir échappé au pire, on a du mal à partager l'enthousiasme général ayant accueilli des performances qui demeurent, dans l'absolu comme de façon relative, désastreuses. Avec un recul du PIB de 0,4 %, la zone euro sera cette année encore la seule région du monde en récession quand les États-Unis afficheront une croissance de 1,7 % et le Japon de 1,6 %.
Quant à la France, son rythme de croissance sera cette année deux fois moins élevé que celui de l'Allemagne (0,7 %), cinq fois inférieur à celui du Royaume-Uni (1,5 %), dont on disait pourtant qu'une rigueur budgétaire extrême l'avait tué. Parmi les pays du G7, la France se classera en 2013 sixième sur sept, ne réussissant à battre que l'Italie.
Le plus inquiétant n'est pas là. Il est dans l'illusion dangereuse que le rebond inattendu de la croissance au deuxième trimestre entretient : la crise de la zone euro est bien et bel terminée, une croissance robuste et durable est en train de s'y installer. Illusion parce qu'à peine les élections allemandes terminées le psychodrame grec va reprendre, avec la nécessité de débloquer une nouvelle aide pour empêcher la faillite. Illusion parce qu'en dehors de l'Allemagne les moteurs d'une vraie croissance, équilibrée, basée à la fois sur la consommation, les investissements et les exportations, restent éteints. À contre-courant de l'optimisme ambiant, la BCE vient d'ailleurs de réviser à la baisse, à 1 %, sa prévision de croissance dans la zone euro pour 2014.
La bonne nouvelle du rebond de la croissance au deuxième trimestre est sans doute même la pire nouvelle qui soit pour la France. Elle va conforter le gouvernement français dans son autosatisfaction naturelle (on ne change pas une politique qui gagne), elle va surtout accroître ses réticences, déjà grandes, à engager des réformes de fond. À cet égard, la façon dont il a traité - ou plutôt n'a pas traité - le dossier des retraites pourrait être le signe avant-coureur d'un immobilisme destructeur. L'urgence est pourtant là, aucune des grandes faiblesses de l'économie française n'a disparu ni même n'est en passe d'être vaincue : le déficit budgétaire ne se réduit pas, les dépenses publiques continuent de progresser malgré les grands discours officiels (+ 0,5 % au deuxième trimestre), la pression fiscale devient insoutenable, la compétitivité se dégrade encore, la profitabilité des entreprises est la plus faible des pays de l'OCDE, les gains de productivité sont nuls et l'innovation technologique est en panne.
Les économistes avaient inventé le concept de "maladie hollandaise" pour désigner les grandes difficultés économiques rencontrées par les Pays-Bas, qui avaient cru pouvoir vivre confortablement de leur seule rente énergétique à la suite de la découverte des gisements de gaz en mer du Nord dans les années 70. C'est une nouvelle souche de "maladie hollandaise" qui menace aujourd'hui de contaminer la France. En lui faisant croire qu'elle peut se reposer sur la rente de croissance venue d'Allemagne et qu'en même temps les efforts d'assainissement et de redressement faits dans les autres pays de la zone euro la dispensent d'en faire elle-même. "Maladie hollandaise", la bien-nommée.

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