Serge Lavagna : On peut saluer la méthode. A chaque fois, nous avons rencontré Marisol Touraine, Jean-Marc Ayrault et des conseillers de leur cabinet pour leur présenter nos propositions. Le problème, c'est que le gouvernement ne nous apportait aucune piste de travail pour réfléchir conjointement. La réforme des régimes de la fonction publique et des régimes spéciaux n'est pas à l'ordre du jour. De toute façon, le planning était bien trop serré. Il était impossible de recevoir le rapport Moreau le 14 juin pour aboutir à un projet de loi ambitieux dès le mois de septembre. Depuis 10 ans, c'est la quatrième réforme, après celles de 2003, 2008, 2010. Toutes se sont contentées de résoudre les problèmes de financement à court terme. Comme à chaque fois, la réforme de fond attendra le quinquennat suivant.
Serge Lavagna : Allonger la durée de cotisation à partir de 2020 s'inscrit dans la droite ligne de la réforme Fillon. Ni plus ni moins. Actuellement, la durée de cotisation est calculée tous les ans pour chaque génération en fonction de l'espérance de vie. Ainsi ceux nés en 1956 et 1957 doivent avoir cotisé 166 trimestres, soit 41,5 ans pour toucher une pension à taux plein. Ceux nés en 1958 devront vraisemblablement cotiser 167 trimestres. Jean-Marc Ayrault propose d'augmenter la durée d'assurance d'un trimestre tous les 3 ans à partir de 2020 pour offrir plus de lisibilité aux futurs pensionnés sur leur durée d'activité. Cette mesure ne sera d'aucun effet pour trouver les 20 milliards nécessaires pour combler le déficit des régimes de retraite à l'horizon 2020. Nous proposions de moduler le nombre de trimestres de cotisation nécessaires pour toucher une pension à taux plein selon l'âge de départ effectif à la retraite. C'est en effet une fumisterie de dire aux jeunes nés après 1975 qu'ils pourront cesser leur activité à 62 ans. En réalité, la plupart ont fait des études, ont plus ou moins tardé pour entrer dans la vie active, et beaucoup devront travailler jusqu'à 67 voire 70 ans.
Serge Lavagna : Dans sa déclaration, Jean-Marc Ayrault a confirmé que les jeunes en apprentissage ou en alternance auront leurs trimestres validés. Pour les autres, le Premier ministre propose à ce stade le rachat d’une année d’étude avec une aide forfaitaire de 1.000 euros par trimestre, soit une aide de 4.000 euros pour une année. Cette opportunité ne serait possible que durant les cinq premières années du parcours professionnel. Ce premier geste est donc tout à fait insuffisant pour un gouvernement qui souhaite faire des jeunes sa priorité ! La CFE-CGC demande la possibilité de racheter 4 trimestres pour les diplômés jusqu’à bac+3, et 8 trimestres pour les diplômés au-delà avec une aide forfaitaire de 1.000 euros par trimestre racheté ouvert, et ce, pendant les 10 premières années du parcours professionnel. Toutes les personnes diplômées depuis 2004 seraient ainsi concernées. Le paiement pourrait être étalé sur 5 ou 10 ans, afin de faciliter le financement.
Serge Lavagna : Actuellement, il faut avoir travaillé 200 heures payées au Smic pour valider un trimestre à la CNAV. L'une des pistes étudiées serait d'abaisser ce seuil à 150 heures, afin de ne plus défavoriser les femmes qui travaillent plus souvent à temps partiel. Pour les familles nombreuses, la majoration de pension de 10% disparaîtra en 2020 pour laisser place à une prime forfaitaire. Reste à définir les modalités de calcul. Si ce forfait est donné dès le premier enfant, ce dispositif risque de se résumer à un saupoudrage insignifiant de quelques dizaines d'euros par mois, et ne s'appliquera, de toute façon, qu'à compter de 2020.Dans tous les cas il est à craindre qu'une fois de plus les classes moyennes ,déjà touchées par la baisse du quotient familial,soient les victimes de l'opération.
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