TOUT EST DIT

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mercredi 28 août 2013

Le Front national turlupine l’UMPS

Le Front national turlupine l’UMPS


A l’université d’été du PS (voir hier dans Présent) le Premier ministre s’est efforcé, nous dit-on, de serrer les rangs pour 2014. Mais, au PS, beaucoup d’élus serrent tout autre chose, en redoutant la sanction des prochaines élections de mars et de juin 2014. Une sanction qui pourrait prendre la forme d’une gamelle retentissante dans les urnes. Et un visage politique : celui, tant honni, du Front national. Un Front massif à 25 % ? C’est une possibilité que laissent entrevoir certains sondages… A La Rochelle, après les beuglements de Manuel Valls, Harlem Désir et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault sont, eux aussi, passés à l’offensive contre le parti de la droite nationale, décrétant même une « croisade républicaine contre la droite et l’extrême droite ». Des croisés d’un nouveau genre, qui comptent dans leur camp 83 % de Français musulmans.

Les orateurs socialistes ont donc déclenché un tir groupé contre le Front national, mais en se contentant de fulminer injures et condamnations à la cantonade plutôt que d’argumenter. Harlem Désir a, certes, battu tambour pour annoncer la mobilisation anti-Front et proclamer que le PS allait mener contre ce dernier une « bataille culturelle et idéologique » et « un combat des valeurs ». En se gardant bien, toutefois, d’entamer la moindre réfutation des propositions de la droite nationale, que ce soit sur l’immigration, la sécurité, la préférence nationale, le droit du sang plutôt que le droit du sol, la sortie de l’euro, le rétablissement des frontières (voire de la peine de mort), l’islamisation de notre pays ou l’introduction, dans le grand chambardement économique de la mondialisation, d’une dose raisonnable de protectionnisme. Surtout, pas un mot sur les « idées » du Front, que l’on se contente de diaboliser de loin. Ces idées, que le PS considère comme pestiférées, recueillent aujourd’hui de plus en plus l’adhésion de la part des Français. Et la gauche, tétanisée, semble craindre, en les évoquant, même pour les combattre, de les faire progresser encore davantage. D’où ces invectives lancées sur le Front national comme autant de tentatives d’exorcisme.

Ayrault toujours dans le rêve

Revenons un instant, juste un instant, sur le discours de clôture de ces journées d’été du PS prononcé dimanche par Jean-Marc Ayrault. Le Premier  ministre  n’a pas lésiné sur le lyrisme prophétique, annonçant que son gouvernement agissait pour « prolonger le rêve français » et « préparer un monde nouveau ». Rien de moins… On pense à François Mitterrand lorsque celui-ci était le leader de l’opposition de gauche. Au mot d’ordre marxiste « changer le monde », le chef du PS y avait ajouté celui, plus rimbaldien, de « changer la vie ». Mais nous étions dans les années 70 et la gauche française n’était pas encore tout à fait sortie du songe marxiste-léniniste des lendemains qui chantent. Pour trouver ceux-ci, en sol dièse mineur, les socialistes se sont récemment projetés en 2025. De retour de ce bref voyage dans le futur, le Premier ministre se propose donc de « prolonger le rêve français », que François Hollande promettait lui de « réenchanter ». Si ce rêve est celui de l’Etat-providence, né sous les Trente Glorieuses, la formule plus modeste du Premier ministre ressemblerait plutôt à la supplique de Mme Du Barry : encore une minute, M. le bourreau… Hélas ! le couperet des réalités tombe.

L’UMP en ordre dispersé

L’UMP, tout comme le PS, craint que le parti de Marine Le Pen ne lui plante également, lors des prochaines élections, quelques belles cornes sur le front. Un à un, les leaders du mouvement en état de torpeur font ou s’apprêtent à faire leur rentrée. Mais en ordre dispersé. Le 18 août, Laurent Wauquiez faisait une sorte de lever de rideau en effectuant l’ascension du Mont Mézenc, entouré de ses supporters et d’une cohorte de photographes. Une pâle imitation (pas très heureuse, ni très réussie) de François Mitterrand escaladant avec ses fidèles la roche de Solutré. Pour Wauquiez, ce sera le Mont Mézenc.
Dimanche 25 août, tandis que les socialos péroraient à La Rochelle, Jean-François Copé prenait la parole à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône) pour exposer « son projet pour la France ». Aujourd’hui, mercredi, c’est au tour de François Fillon d’entrer en piste à Rouez-en-Champagne (Sarthe) pour « une journée de réflexion et d’échanges ». Et, clou de cette rentrée UMP, l’Association des amis de Nicolas Sarkozy, présidée par Brice Hortefeux, se réunira à Arcachon les 1er et 2 septembre. Où l’on pointera les présents et les absents.
Chacun de ces leaders n’ayant en tête que 2017 et cherchant à se dézinguer les uns les autres. Sans parler d’autres francs-tireurs comme Xavier Bertrand, Bruno Lemaire ou Valérie Pécresse. NKM, occupée à en découdre à Paris avec Anne Hidalgo, semble être l’une des rares personnalités nationales de l’UMP à s’impliquer dans les municipales de mars prochain. Les autres têtes pensantes ne pensant qu’à l’élection présidentielle.

Le retour de Copé

Jean-François Copé, déconsidéré aux yeux de beaucoup de militants et surtout d’électeurs UMP lors de l’élection interne de l’automne dernier, avait fortement dégringolé dans les sondages. Il en avait tiré les conséquences. Renonçant à son ambition présidentielle, il s’était mis dans la roue de Nicolas Sarkozy. Mais aujourd’hui, Copé semble de nouveau vouloir s’émanciper et retrouver rang parmi les présidentiables. Tout en continuant d’affirmer, pour le moment, qu’il s’effacerait devant une éventuelle candidature de Nicolas Sarkozy. « Je suis loyal, mais j’assumerai toujours une totale liberté de dire ce que je pense pour notre pays. » D’ailleurs, qu’il soit ou non en lice pour l’Elysée Copé, qui a décidément retrouvé du poil de la bête, prévient : « Celui qui pense que l’on peut gagner une présidentielle sans bénéficier de l’appui d’un grand parti se trompe. (…) Il est même très utile d’avoir le soutien du président de l’UMP. » A bon entendeur, salut ! Copé se pense incontournable…
Dans Le Monde daté de mardi, Alexandre Lemarié commente cette prise de distance mesurée de M. «  Loyal » par rapport à l’ex-président de la République. « Vexé du manque de considération de Nicolas Sarkozy à son égard, Jean-François Copé ne veut plus apparaître comme un simple vassal. » Et le signe le plus flagrant de cette indépendance retrouvée, c’est évidemment le « feu vert » que, le 17 août dernier, le président de l’UMP a donné « au principe d’un bilan du précédent quinquennat ». Une initiative, plaide officiellement l’avocat Copé auprès des amis de l’ancien chef de l’Etat, visant « à empêcher François Fillon et Laurent Wauquier de mener un inventaire à charge ». Mais les sarkozistes y voient également une manœuvre « destinée à renvoyer Sarkozy au passé, quand le président de l’UMP se projette vers l’avenir ». Un passé dans lequel, du même coup, il renvoie Fillon. Une façon pour lui de ringardiser subtilement ses deux concurrents.
Dimanche, à Châteaurenard, Copé a d’ailleurs rodé quelques thèmes qu’il entend développer autour d’un terme générique :réhabiliter la liberté : « La liberté d’entreprendre et de travailler », « la liberté d’expression » entravée par « le politiquement correct » et « la liberté d’aller et venir sans crainte de l’insécurité ». Flairant l’air du temps, le candidat Copé entend poursuivre son discours « droite décomplexée ».
Mais, avant l’élection présidentielle, demeurent tout de même quelques obstacles à sauter. Copé, qui en est bien conscient, expliquait dans Le Figaro magazine : « Ceux qui pensent qu’on pourra gagner 2017 sans reconquérir les territoires perdus se trompent complètement. »
C’est juste. Mais cette reconquête ne se fera pas sans des accords électoraux, tacites ou implicites, avec le Front national. Or Copé, comme l’ensemble des ténors de l’UMP, garde toutes ses inhibitions à l’égard du parti de Marine Le Pen. « Pas d’alliance possible avec celui-ci » continue de répéter celui qui, il y a un an, à l’Assemblée nationale, avait refusé de serrer la main de Marion Maréchal-Le Pen… Des alliances pourtant réclamées par de plus en plus d’électeurs de l’UMP. Le FN turlupine la droite libérale tout autant que la gauche… sinon plus !

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