TOUT EST DIT

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samedi 3 août 2013

Le niveau des prélèvements «a franchi les limites du raisonnable»


INTERVIEW - Le PDG d'Axa Henri de Castries plaide pour une baisse réelle de la dépense publique.
La reprise aux États-Unis, où Axa est très présent, vous paraît-elle solide?
Henri de CASTRIES. - L'économie américaine est en pleine transformation. Elle fait preuve d'un renouveau remarquable qui va nous surprendre. Ce renouvellement s'appuie sur une combinaison d'éléments précis. Au lieu d'avoir une vision frileuse de l'avenir, ce pays profite de l'avantage compétitif transitoire qu'offre le gaz de schiste, avant que les énergies nouvelles ne prennent le relais. Ce qui s'y passe sur le front technologique, dans l'Internet, dans le médical, en matière de capacité de traitement des données… est considérable. Et cela s'appuie sur des entreprises dont les bilans sont très solides, tandis que l'État - de façon un peu brutale et contrainte certes - réduit ses dépenses. Cette renaissance dessine en creux tout ce que ne font pas certains pays européens.
Cette révolution américaine des gaz de schiste devrait à vos yeux faire réfléchir la France sur le principe de précaution au nom duquel on interdit la fracturation hydraulique?
J'ai toujours dit que ce principe révélait une vision régressive de la société à laquelle je préfère le principe de responsabilité. Avec ce dogme, nous n'aurions découvert ni les vaccins ni l'Amérique! Autant remonter dans les arbres… Puisque nous avons fait ce choix démocratique concernant les gaz de schiste, il faut l'accepter, mais ne pas se plaindre que nous n'ayons pas davantage de croissance.
Voyez-vous une reprise en Europe en général et en France en particulier?
Je constate que les activités européennes et françaises d'Axa vont bien. Pour ce qui est des économies, force est de constater que les efforts de compétitivité accomplis par la Grande-Bretagne - qui a combiné des baisses de dépenses et des baisses d'impôts sous une pluie de critiques - commencent à porter leurs fruits. L'Allemagne va plutôt bien. L'Espagne, qui est tombée très bas, semble amorcer son redressement… En France, on aimerait voir des signes de reprise tangibles.
Plusieurs réformes structurelles sont en préparation en France. Celle des retraites est prioritaire?
L'ensemble des observateurs internationaux, y compris ceux qui ont acheté de la dette française, regardent cette réforme avec une grande attention. Quant aux modalités, il en existe trois: l'augmentation des cotisations ou la baisse des pensions - ce qui serait destructeur - ou l'allongement de la durée de cotisation et/ou le recul de l'âge légal du départ. Cette dernière solution est la seule qui favorise à long terme la compétitivité et l'emploi.
À l'automne, sera également discuté le projet de loi de finances. Craignez-vous un nouvel alourdissement de la fiscalité?
L'analyse de ce qui s'est passé en 2013 démontrera que les politiques d'alourdissement de prélèvements obligatoires ont franchi les limites de l'efficience, et du raisonnable. La matière fiscale s'évapore. Vouloir aller au-delà serait un élément de plus d'étouffement de l'activité et, in fine, d'affaiblissement des plus fragiles. La seule voie raisonnable est celle de la baisse de la dépense publique. Je dis bien la baisse, pas le ralentissement du rythme de progression.
En tant que patron d'un groupe financier français, vous vous sentez certainement concerné par l'avenir d'Euronext. Pensez-vous participer au tour de table que tente d'organiser Bercy?
J'ai déjà eu l'occasion de dire qu'Axa ne participerait pas au tour de table sur Euronext. Il y a une contradiction pour le moins surprenante entre la volonté affichée de préserver une place financière forte à Paris et la multiplication des mesures qui pénalisent la compétitivité du secteur…
La fiscalité de l'assurance-vie fait aujourd'hui l'objet de débats, de même que les moyens de l'orienter au service du financement de l'économie, des PME, du logement… Cela vous inquiète-t-il?
L'assurance-vie, ce n'est pas une caverne d'Ali Baba! Ni une poche dans laquelle on pourrait puiser pour la simple raison que les impôts ne rapportent plus assez. Il s'agit de l'épargne des Français. Et notre devoir moral et juridique, à nous autres assureurs, est de la protéger. Cette épargne s'investit naturellement à long terme. Il ne serait pas raisonnable de bouleverser son régime fiscal qui est équilibré, puisque pour en bénéficier l'épargnant s'engage sur huit ans. Le rapport Berger-Lefèvre a d'ailleurs confirmé le rôle positif que peut jouer l'assurance-vie dans l'investissement de long terme, et la profession a fait des propositions permettant de conforter ce rôle.

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