TOUT EST DIT

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samedi 13 avril 2013

La Slovénie au bord du gouffre, en attendant la France ?


Grèce, Espagne, Italie, Portugal, Chypre et aujourd’hui la Slovénie. Et nous, bientôt ? L’un après l’autre, tombent les dominos, comme dans la théorie éponyme. On reproche à telle ou telle nation d’avoir été trop libérale ou trop socialisante ; généralement, d’avoir été trop dépensière de l’argent prêté par les banques. Bref, la faute aux peuples et à ses dirigeants, accrocs à la dépense publique.

Normalement, c’est le dealer qu’on encabane et non point le drogué : aujourd’hui, c’est le contraire ; c’est l’accroc qui trinque et pas l’escroc. Goldman Sachs renverse Silvio Berlucosni pour le remplacer par l’un de ses employés de banque, Mario Monti. Avec le succès qu’on sait.

La Slovénie, donc. Merveilleux petit pays tout frais indépendant, quoique fortuitement passé de la tutelle yougoslave à la tyrannie de l’Union européenne. Jolie nation dans laquelle les pièces, avant de devenir euros, étaient frappées de profils d’animaux. On payait en saumons et on vous rendait la monnaie en hiboux et en abeilles…

La Slovénie, que George W. Bush confondait régulièrement avec la Slovaquie, compte à peine plus de deux millions d’habitants. Contrairement à Chypre, cette minuscule république n’a rien à voir avec un paradis fiscal et ses dirigeants n’ont jamais pratiqué l’économie de casino. Pourtant, l’épidémie financière, subprimes et autres obligations « pourries », ont déjà commencé à gangréner les finances slovènes, ces créances « douteuses » représentant désormais 20 % de la « richesse » nationale. Mieux, alors que l’activité bancaire pèse 800 % de l’économie chypriote, contre 300 % en moyenne pour les pays de la zone euro, elle ne participe qu’à hauteur de 150 % du PIB slovène. On aurait donc pu croire cette nation épargnée, ce d’autant plus qu’elle est forte d’un riche tissu industriel – la qualité et le savoir-faire de ses sous-traitants sont fort appréciés de ses voisins allemands, autrichiens et italiens.

Mieux, ses habitants, contrairement à son homologue américain, ne vivent pas à crédit, la politique du gouvernement ayant consisté, dès l’indépendance de 1991, à permettre à tout un chacun de devenir propriétaire de son propre logement, grâce à des prêts à taux zéro garantis par l’État.

Manifestement, ça ne suffit pas, car avec « eux », ça ne suffit jamais. Le cancer du gangstérisme bancaire se joue des frontières. Et ses martingales boursières, produits financiers inintelligibles par le commun, ont un coût : sept milliards d’euros, soit 20 % du PIB de cette petite Syldavie si chère à notre ami Hergé.

Les autorités de Ljubljana ont fait savoir que la Slovénie pouvait s’en sortir seule, tandis que les « experts » du FMI estiment qu’il faudrait réinjecter de six à huit milliards d’euros dans l’économie slovène afin de sauver son secteur bancaire. Bref, pour les soutenir, telle la corde le pendu. Heureusement, en interne, d’autres voix s’élèvent pour dire qu’il ne serait pas inopportun de laisser crever ces banksters de leur belle mort, sachant que le contribuable n’a pas à payer pour leurs errements. Pas sot. Au Moyen Âge, en cas de problème, on brulait la banque et on pendait le banquier. C’était encore moins sot.

Certains de nos lecteurs diront que la Slovénie, c’est à la fois très loin et tout petit ; ce qui n’est pas faux. Mais qu’ils n’oublient pas que les maux frappant ce peuple aujourd’hui sont ceux qui viendront demain toquer à notre porte ; porte d’autant plus fragile que nous avons abattu tous les murs qui autrefois la faisaient tenir encore à peu près debout.

Le monde de la finance, sans nom et sans visage, était, paraît-il, l’ennemi de campagne de François Hollande. Promesse évidemment oubliée. N’est pas véritable socialiste qui veut ; et encore moins patriote digne de ce nom… 

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