Pour eux, la crise est déjà finie. Les «super riches» sont de plus en plus nombreux, et leur patrimoine augmente. Selon une étude publiée le 6 mars par un spécialiste de l'immobilier de luxe Knight Frank, 190 000 personnes dans le monde disposeraient d'un patrimoine supérieur à 30 millions de dollars. Un nombre en hausse de 5% par rapport à l'année dernière, et qui devrait bondir de 50% dans les dix prochaines années. La semaine dernière déjà, le traditionnel classement des millardaires publié par le magazine Forbes en dénombrait 1 426 dans le monde début 2013, soit 200 de plus que l'an dernier.
Comment expliquer cette tendance, qui semble contradictoire avec le marasme économique persistant ? D'une part, par le nombre croissant de fortunes basées dans les pays en développement. Certes, la crise n'a pas épargnée ces derniers : la Chine, l'Inde et le Brésil voient leur activité ralentir, notamment en raison de la baisse de la demande occidentale. Mais, quand les Etats-Unis et l'Europe en sont à prier pour quelques dixièmes de points de croissance supplémentaires, celle-ci se monte encore à 7,8% pour l'Empire du milieu en 2012.
Le développement de ces nouvelles puissances renforce une classe de très riches entrepreneurs, self made men ou héritiers des affaires familiales. Une dynamique qui devrait s'amplifier dans les prochaines années : selon l'étude de Knight Frank, le nombre de patrimoines supérieurs à 30 millions de dollars devrait s'accroître de 88% en Asie et en Amérique latine d'ici à 2022, contre «seulement» 31% en Europe et 32% en Amérique du Nord. Comme un symbole, le mexicain Carlos Slim supplante depuis quelques années l'américain Bill Gates en tant que personne la plus riche du monde.
Inégalités
A en croire l'étude, toutefois, la crise actuelle n'empêche pas les riches occidentaux de renforcer leurs positions. Une grande partie de l'explication tient à l'origine de leur richesse. Contrairement à la grande majorité de la population, ce sont essentiellement les revenus du patrimoine, et non du travail, qui abondent celle-ci. Selon l'Insee, en 2010, les 10% les plus aisés des ménages français concentraient ainsi 48% de la masse totale de patrimoine; plus finement encore, les 5% les mieux dotés en détenaient 35%, et le 1% supérieur 17%.
Or, les placements financiers occupent une place importante à l'intérieur de ce patrimoine, explique Guillaume Daudin, professeur d'économie à l'Université Dauphine : «Comme les Bourses sont reparties, tout ces gens qui ont beaucoup de capital profitent à plein de l'augmentation du prix des actifs.» Depuis un an, en effet, le CAC 40 a gagné 9,7%, Londres 10%, le Dow Jones américain 11,4%. Tirant vers le haut les portefeuilles financiers des super riches. A contrario, le nombre de milliardaires et leur fortune totale avaient nettement reculé en 2008, dans la foulée de la chute des marchés.
Selon l’Insee, la concentration du patrimoine s’est accentuée en France sur la période 2009-2010. Un phénomène similaire s’observe aux Etats-Unis ou dans les pays en développement, même si les proportions en sont très variables. Une inégalité croissante que dénonçaient notamment les mouvements des «Indignés», à New York ou à Madrid, attaquant le «1%» au nom des «99%».
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