TOUT EST DIT

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samedi 16 février 2013

Les 3 % à la sauce lasagne

Les 3 % à la sauce lasagne


L’objectif de la réduction du déficit budgétaire à 3 % était un leurre. Tout le monde le savait, mais François Hollande et son Premier ministre prétendaient le contraire. Avant de devoir passer aux aveux…
Souvenons-nous : durant sa campagne électorale François Hollande fustigeait – à tort ou à raison, c’est un autre débat – la « règle d’or » de Merkozy. Lui président on allait voir ce qu’on allait voir : cette « règle d’or », dont il contestait le curseur néo-libéral, il se faisait fort, une fois élu, de la casser en deux et, s’il le fallait, d’en jeter les morceaux à la tête de la Prussienne médusée. Le calcul électoral était bon : les voix se sont additionnées en faveur du candidat socialiste, briseur d’équilibres budgétaires.
Mais les discours qui permettent de gagner une élection changent généralement, et souvent de façon radicale, avec les responsabilités du pouvoir. C’est l’une des caractéristiques du système démocratique : il oblige les représentants du peuple, par la force des choses, à prendre leurs électeurs pour des pigeons. Ceux-ci le savent bien, mais ils se prêtent au jeu et parfois même s’y laissent prendre. Cette « règle d’or » que le candidat Hollande prétendait enfreindre, le président du même nom allait, lui, s’y soumettre. Il s’engageait même à la faire respecter dans toute sa rigueur. Ainsi vont nos politiciens.
Les opposants à la « règle d’or » étaient évidemment déçus, voire furieux. Les autres, surtout au vu des mesures prises par la nouvelle équipe dirigeante, se montraient fortement sceptiques. Un scepticisme qui allait se renforçant au fil des mois. Mais contre l’évidence ou, plutôt, continuant de prendre les Français pour les pigeons de sa chasse aux voix, François Hollande leur assurait le contraire. Même si beaucoup de ses ministres, en aparté, exprimaient doutes et incrédulité.
De « camouflet » en « reculades »
La semaine dernière, changement de ton. Il y a d’abord eu le sommet de Bruxelles où le président français, qui souhaitait augmenter le budget européen (tout en préservant la PAC pour les agriculteurs français), s’est pris un nouveau camouflet. Un sommet durant lequel la dislocation du couple franco-allemand est aussi apparue dans toute son évidence. Un journaliste de la presse étrangère avait fait remarquer, quelques jours auparavant, que le flirt de plus en plus poussé entre Frau Merkel et Mister Cameron ressemblait, vis-à-vis du couple franco-allemand, à une sorte d’« adultère ». A Bruxelles, la liaison d’Angela Merkel avec David Cameron s’est en  quelque sorte affichée et quasiment officialisée. Tout autant que l’infortune du président français.
Il faut dire que le mois dernier, lors de l’anniversaire, fêté à Berlin, des cinquante ans du traité franco-allemand, les deux partenaires, durant des cérémonies tristounettes, avaient donné l’impression d’un couple au bord du divorce, ennuyé par cette célébration de leur supposée bonne entente qui ne collait plus à la réalité. Pour tout dire, la mine crispée de François Hollande faisait penser à Nicolas Sarkozy, le jour où ce dernier fut élu président de la République sans la voix de Cécilia, qui était encore officiellement son épouse, mais officieusement déjà ailleurs. Ainsi qu’Angela ce 22 février dernier…
Croissance zéro
Ce fiasco du président de la République, un(e) ministre de l’actuel gouvernement le commentait sans indulgence, sous couvert d’anonymat bien sûr, dans un hebdo satirique. « Hollande n’a pas de politique européenne. Il est isolé en Europe, car l’axe franco-allemand ne fonctionne plus que devant les caméras. Il a dû accepter sous la pression de David Cameron et des pays du Nord un budget qui sacrifie les investissements d’avenir. Pendant la campagne il avait affirmé qu’il s’opposerait au traité budgétaire (…). 
Il a dû se résoudre à l’avaliser en échange d’un pacte de croissance dont plus personne ne parle aujourd’hui et auquel le budget adopté la semaine dernière à Bruxelles ne fait même pas référence. »
En début de semaine, achevant de dissiper l’illusion des 3 %, la Cour des comptes affirmait dans son rapport annuel (voir Présent de jeudi) que le gouvernement avait « peu de chance » de tenir son engagement. Hollande lui-même, pour préparer les Français au virage à 180 degrés qu’il s’apprête à négocier, parlait le même jour d’un « réajustement à la baisse de sa prévision de croissance pour 2013 ».
Mercredi dernier, Laurent Fabius cassait lui carrément le morceau, estimant publiquement sur Canal+ qu’il serait « très difficile » de ramener nos déficits à 3 %. « La probabilité d’atteindre cet objectif s’est amenuisée au fur et à mesure que la croissance pâlissait, non seulement en France mais plus généralement dans la zone euro (…). 
Chacun sait bien qu’il est difficile d’atteindre des objectifs nominaux de déficits publics quand la conjoncture est à ce point défavorable. »
Et jeudi soir Jean-Marc Ayrault confirmait ce renoncement, en disant clairement que « cet objectif ne serait pas atteint ». Mais il promettait en revanche « d’atteindre 0 % de déficit d’ici à la fin du quinquennat, en 2017 ». Le seul zéro que la France enregistre actuellement, c’est celui de sa croissance. En attendant une prochaine décroissance ?
Comme l’affirme Fabius, « chacun le savait », y compris François Hollande. Mais celui-ci aura néanmoins, en sachant sciemment qu’il mentait, continué d’affirmer le contraire. Son objectif proclamé des 3 % relève de la même tromperie que les lasagnes dans lesquelles le cheval remplaçait le bœuf. Y a bon les lasagnes au canasson ! François Hollande, Spanghero de la politique ? L’un et l’autre usent en tout cas des annonces frauduleuses avec la même impudence. Le premier fait n’importe quoi pour s’enrichir. Le second dit n’importe quoi et son contraire pour se faire élire.
La France au tapis
« L’affaire Findus effraie les consommateurs » titrait mardi un quotidien. L’affaire des 3 % mensongers risque fort, elle aussi, d’effarer encore davantage des électeurs de plus en plus méfiants à l’égard des politiques. Comment, pourquoi en est-on arrivé là ? UnPDG d’une entreprise de parfumerie, Philippe Benacin, répond à cette question dans le numéro de Marianne de cette semaine. « De droite ou de gauche, trente ans de décisions inconsidérées mais pas inconséquentes, sans aucun bon sens, injustes souvent pour certaines catégories, avantageuses pour d’autres, ont mis la France au tapis : une dette pharaonique qui bloque tout, comme une entreprise sans ressources, un marché de l’emploi rendu immobile par une économie bridée, un mépris pour le talent, une création de richesse diabolisée (…), des catégories sociales en oppositions permanentes, de plus en plus de pauvres dans un Etat qui aspire 57 % du PIB» L’auteur de ces lignes, comme aujourd’hui une majorité de Français, proclame haut et fort : « Mon ennemi, c’est la classe politique. »
Des produits financiers toxiques aux matchs de foot truqués, du dopage dans le cyclisme lui aussi pourri par l’argent à la corruption qui se développe à vitesse accélérée entre le monde de la politique et celui des affairistes (la montée en puissance des lobbyistes de Bruxelles en est un exemple flagrant), des mafias criminelles aux banksters du libéralisme débridé, de la malbouffe immonde aux promesses fallacieuses de politiciens retors, menteurs et blagueurs, oui, vraiment, le fond de l’air effraie…

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