TOUT EST DIT

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vendredi 15 février 2013

Élus locaux, on vous aime !

Élus locaux, on vous aime 



Vous auriez imaginé Nicolas Sarkozy privant les collectivités locales de trois milliards supplémentaires en deux ans ? La droite en a rêvé, la gauche - avantage de l'alternance - pense le faire.

Car il n'y a que les socialistes à pouvoir mettre les élus locaux à la diète, tout en leur en imposant des dépenses nouvelles - le financement des rythmes scolaires - à un an des municipales !
Elle est la seule à l'oser, parce que les Régions (sauf une), les conseils généraux (aux deux tiers), la plupart des grandes villes et presque toutes les associations d'élus sont tenues par les socialistes. Solidarité politique et réalisme budgétaire obligent : ils ne peuvent pas s'en prendre à des choix qu'ils cautionnent et à un exécutif issu de leurs rangs.
Il y a deux façons de participer à l'effort collectif de redressement : l'une, rapide mais aveugle ; l'autre, longue mais prometteuse.
La première ? Stigmatiser le laxisme des élus pour raboter uniformément leurs budgets. Mais cette politique des coupes claires, compréhensible dans l'urgence, évite de réfléchir aux priorités, de distinguer les dépenses qui plombent et les investissements qui dynamisent. En taillant à l'aveugle dans les investissements et dans les aides sociales, on risque de priver les plus nécessiteux et de contribuer au ralentissement de la croissance. Mauvaise pioche.
La seconde ? Elle consiste à mener des réformes de structure. Parce que, oui, il y a des économies à faire. Les collectivités ont un train de vie et des dépenses de personnel, non pas scandaleux, mais inefficients car décalés par rapport à leurs compétences réelles.
Avec les mêmes frais de fonctionnement, elles pourraient exercer plus de responsabilités et alléger d'autant la dépense de l'État. Au lieu d'être un coûteux étage de plus, l'intercommunalité doit fournir l'occasion de moderniser cette France, historiquement paroissiale, en mutualisant les moyens communaux. Avec des procédures simplifiées, on instruirait mieux, plus vite et à moindre coût des dossiers d'investissement. Avec une simplification des compétences et une lisibilité fiscale, on gagnerait en efficacité.
Parions que si l'impôt local était direct et limpide, le maire, le conseil départemental - il s'appellera ainsi demain - et le conseil régional seraient davantage responsabilisés. Reconnaissons que s'il n'y avait pas cette obscure tuyauterie dans laquelle on verse, sans trop le savoir, soixante milliards à l'État qui les redistribue ensuite aux territoires, la sanction de l'électeur contribuable serait plus redoutée.
Prend-on le chemin de cette révolution ? François Hollande ¯ engagement N° 54 ¯ promet un acte III de la décentralisation. Avec le respect qu'elle leur voue, la gauche peut exiger un effort de ses élus. Mais parce qu'il émane de pouvoirs locaux qui agissent comme autant de lobbies, le pouvoir central est bridé dans ses ambitions réformatrices.
Soumise à tant de pressions, la ministre Marylise Lebranchu se débat dans un projet encore brouillon où interfèrent pouvoirs locaux, modes de scrutin et calendrier électoral. L'Élysée s'en inquiète. L'occasion est pourtant unique, s'il n'est pas trop tard, de concilier les économies qu'impose la crise, l'efficacité qu'appelle le redressement et la clarté qu'exige la démocratie locale.

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