TOUT EST DIT

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dimanche 18 novembre 2012

La guerre des gauches continue

Tous les opposants de gauche au président socialiste – et même quelques alliés – se trouvaient ces derniers jours rassemblés dans la campagne nantaise. Bottes en caoutchouc fraîchement acquises aux pieds, tournevis à la main et n’écoutant que leur courage, ils ont libéré des maisons aux portes et aux fenêtres condamnées par les expropriateurs.
Le Larzac de M. Jean-Marc Ayrault s’appelle Notre-Dame-des-Landes. Depuis quarante ans, des opposants refusent l’implantation d’un aéroport, à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes. Malgré cette opposition, les élus ne renoncent pas à un projet qu’ils jugent indispensable, en raison de l’augmentation du trafic aérien.
Le débarquement de chefs vendredi et de manifestants hier était destiné à montrer au chef de l’État et à son Premier ministre qu’ils ont bel et bien une opposition à leur gauche, et qu’elle entend prendre toute sa place. Celle qui a davantage voté contre Nicolas Sarkozy que pour François Hollande retrouve ses vieux réflexes. Le programme du président de la République n’a rien à voir avec son combat.
Ces gauches, finalement, ne se retrouvent qu’au moment des élections. Pour le reste, à peu près tout les sépare. La gauche de la gauche est elle-même constituée de chapelles qui s’écharpent régulièrement, mais qui cherchent de temps à autre la cause qui les réunira, le refus qui les rapprochera. François Hollande se demande avec inquiétude si Notre-Dame-des-Landes sera l’un de ces ciments.
Au départ, la cause est écologique. Les Verts, qu’ils soient politiques ou bucoliques, sont présents depuis le début, mais bientôt renforcés par des militants altermondialistes et anarchistes, et rejoints désormais par des dirigeants du Parti de gauche ou du NPA. Il y a de la tactique dans ce rassemblement (être plus forts pour s’opposer à la gauche de gouvernement), mais aussi convergences des luttes.
Dans cet aéroport qui n’arrive pas à se faire, qu’on empêche de sortir de terre pour ne pas en ravager un bout, il y a le rejet de la vitesse, qui brûle et pollue ; la remise en cause de voyages éclairs qui n’apportent rien, d’échanges de marchandises dont on pourrait se passer ; la négation d’une interconnexion planétaire qui se nourrit de croissance à tout prix ; le refus d’un monde plein de bruit et de fureur.
Sous ces allures modernes, le conflit autour de Notre-Dame-des-Landes est la répétition de contradictions anciennes. D’un côté une gauche réformiste qui accepte l’épreuve de gouvernement, s’arrange un peu avec sa doctrine, mais se confronte au réel et le fait bouger. De l’autre une gauche qui ne transige pas avec la réalité et voudrait la soumettre entièrement, et reste prudemment éloignée d’un pouvoir à l’exercice duquel sa pureté ne résisterait pas.

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