TOUT EST DIT

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mercredi 25 juillet 2012

Réflexion sur les riches

Petite réflexion sur l'utilité de la présence d'individus riches dans une société.
Il y a trois façons d'acquérir des richesses. Par ordre de moralité croissante, ce sont :

  • la coercition,
  • l'héritage,
  • le marché de l'emploi.
La coercition signifie qu'on s'enrichit en dépossédant quelqu'un contre sa volonté. On peut citer la tromperie, le vol, la corruption, l'enrichissement injustifié de certains politiques grâce aux impôts, etc. Tout le monde est d'accord que c'est immoral.
L'héritage ne fait pas l'unanimité : dans un esprit d'égalité, certains pensent qu'il serait plus moral que toutes les personnes repartent à zéro à chaque génération. L'ennui c'est qu'on ne peut obtenir ce résultat autrement que par la coercition. D'autres pensent qu'il ne faut pas se placer du point de vue de celui qui reçoit, mais de celui qui donne. Dans une société libre, il aurait bien le droit de transmettre ce qu'il possède comme il l'entend.
Le marché de l'emploi donne une valeur exceptionnelle à certaines personnes possédant des talents particuliers, ce qui entraîne des rémunérations sortant de l'ordinaire. Ainsi un joueur de football, un acteur de cinéma peut avoir des rémunérations qui font pâlir le commun des mortels. Mais elles sont moralement justifiées dans la mesure où elles sont obtenues sans coercition. Si tel joueur, tel acteur gagne tant d'argent, c'est seulement parce que beaucoup de gens, sans y être obligés, ont envie de le voir et de dépenser un peu d'argent pour cela.
Mais est-ce totalement vrai ? Lorsque le club qui embauche le joueur est subventionné, lorsque les films qui utilisent l'acteur sont subventionnés, il y a des gens qui devront payer des impôts pour cela et à ces gens on ne demande pas leur avis. Il y a donc une part de coercition dans les revenus de certains joueurs, de certains acteurs. Mais ce n'est pas vrai pour tous, et ceux pour lesquels c'est vrai ne doivent qu'une part modeste de leur revenu à cette forme de coercition.
Le cas des dirigeants d'entreprises privées présente quelques analogies avec ceux des joueurs ou des acteurs, mais il en diffère un peu dans la mesure où il n'y a strictement aucun élément de coercition dans leur rémunération. Imaginons le cas, relativement fréquent, où une grande entreprise se trouve en difficulté. Ses actionnaires, ses dirigeants pensent que l'homme à sa tête, quelles que soient ses réalisations antérieures, ne parvient plus à faire face à la situation actuelle. Il est possible que les directeurs, quelles que soient leurs performances antérieures, aient atteint, voire dépassé, le maximum de leur compétence. Il faudra donc chercher à l'extérieur une personne capable de redresser l'entreprise. Mais cette personne est forcément quelqu'un qui réussit très bien dans sa propre entreprise. Mettons-nous à sa place : pour qu'il accepte de passer de la tête de l'entreprise florissante où il est à la tête d'une entreprise en perdition, il lui faudra bien entendu un salaire supérieur à celui qu'il a déjà, mais aussi des garanties au cas où il échouerait : des indemnités de départ et une retraite confortables. S'il échoue, on se trouve dans le cas si décrié où un dirigeant licencié dont la société fait des pertes perçoit les indemnités importantes prévues dans son contrat. Mais n'est-ce pas normal ?
On voit donc que le seul critère pour juger qu'un revenu important est moral ou pas, quel que soit son niveau, c'est le prix que lui attribue le marché libre de l'emploi. Ce prix vient du fait que ses prestations sont utiles et que les personnes qui en bénéficient le paient volontiers. Personne ne les oblige à le faire. Il n'y a donc aucune raison de juger un revenu, quel qu'il soit, comme immoral s'il est obtenu sans coercition de qui que ce soit et quoi qu'en pense l'opinion publique ou les hommes politiques.
Beaucoup s'imaginent que la rémunération doit récompenser le mérite. Cela ne fait que traduire une certaine inconsistance de la pensée. Certes, le sportif qui s'entraîne tous les jours, le chanteur qui cultive sa voix, ont quelque mérite, mais pas davantage que l'ouvrier de fonderie qui travaille pour nourrir sa famille. Dans l'entreprise libre, et malgré le vocabulaire courant, les augmentations dites "au mérite", ne récompensent pas un vague mérite abstrait impossible à mesurer, mais bel et bien l'accroissement de la contribution de l'employé aux résultats de l'entreprise. Si l'entreprise a un cadre très performant, et si elle veut le garder, il faudra qu'elle lui verse un salaire un peu supérieur à celui qu'il pourrait trouver ailleurs. Là encore, c'est le marché qui détermine le revenu. Ce n'est pas aussi vrai pour les ouvriers, car leurs salaires sont soumis à tout un tas de règlementations négociées entre l'État et les syndicats qui violent la loi de l'offre et de la demande. Contrairement à ce qu'un vain peuple pense, cela n'est pas forcément favorable aux bons ouvriers.
C'est aussi au "mérite" que se réfèrent les hommes politiques lorsqu'ils portent des jugements sur les revenus de tel ou tel. Ce sont ces jugements qui déterminent  les salaires dans la fonction publique et dans la totalité des fonctions dans les régimes totalitaires. Mais qui est juge de ce mérite ? L'État ? Existe-t-il un moyen objectif de le mesurer ? Non ! Le revenu résultant d'un service rendu par une personne n'est juste que dans la mesure où ce service est jugé suffisamment utile par les personnes qui en bénéficient pour qu'elles le paient volontairement.
En résumé, le seul critère pour juger si un revenu est juste ou injuste, c'est le degré de coercition qui a été nécessaire pour l'obtenir. Un revenu obtenu sur un marché libre en dehors de toute coercition est juste quel que soit son montant. Coercition est le mot clé.
Même si les riches ont obtenu leurs revenus sans coercition, on peut se demander si la façon dont ils emploient leurs richesses est utile pour la société. En effet, les politiques au pouvoir, aujourd'hui comme hier, ont besoin de taxer les citoyens pour couvrir leurs dépenses inconsidérées. Lesdits citoyens acceptent plus facilement ces taxes si on leur fait croire qu'elles vont s'appliquer "aux riches". Il y a là une triple malhonnêteté :
  • Il y a beaucoup trop peu de gens très riches pour couvrir les accroissements des dépenses de l'État ou commencer à rembourser les emprunts antérieurs. Ainsi, M. Hollande veut taxer à 75% les ménages dont le revenu excède un million d'euros par an, mais il n'y en a guère qu'environ 0,01%, soit un sur dix mille. Ce n'est pas assez pour couvrir les nouvelles dépenses. Pour mémoire, il y a seulement un ménage sur mille dont le revenu dépasse 240 000 Euros par an.
  • Les gens très riches, et c'est là le point principal, dépensent leur argent de façon beaucoup plus utile pour la société que l'État. En effet, ils ne laissent pas cet argent dormir dans des bas de laine. Ils ne l'utilisent pas à entretenir des danseuses. Même si certains d'entre eux font quelques dépenses ostentatoires, comme acheter une voiture de luxe, ces dépenses ne représentent qu'une fraction faible de leur revenu. Le reste est investi dans des entreprises, la leur en particulier, et servira ainsi à produire de nouveaux biens et services qui contribueront à l'augmentation des niveaux de vie et la diminution du chômage. On dira que la partie que l'État va leur prendre servira aussi à investir, mais ce n'est pas complètement exact. Une partie servira à couvrir des dépenses courantes dont l'État pourrait se passer s'il cherchait l'efficacité au lieu de la popularité. Quant à la partie qui sera investie par l'État, on ne peut s'empêcher de penser qu'elle serait investie de manière plus rentable par des gens qui investissent leur propre argent plutôt que par des fonctionnaires.
  • La rhétorique de l'État sur la taxation des riches s'appuie sur l'envie, l'un des sentiments condamnés par les dix commandements, et jette le discrédit sur des gens fort utiles à la société, comme nous l'avons démontré précédemment.
En conclusion :
  • le seul critère objectif pour juger de la moralité des revenus est l'absence de coercition ;
  • les riches investissent leur argent de manière plus efficace pour la société que l'État ;
  • pour obtenir ses fins, l'État fait appel aux mauvais sentiments des électeurs.

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