mardi 3 juillet 2012
2013, ou la mer à boire
Le gouvernement espérait bien utiliser l’audit réalisé par la Cour
des comptes pour mettre sur le dos de l’équipe Fillon les mesures
d’économie qu’il va devoir prendre. Pierre Moscovici avait enfourché,
avant même que le rapport lui soit remis, le cheval de bataille de
l’héritage. Un peu vite : les Sages relèvent certes que le gouvernement
précédent a omis de budgéter une (petite) partie de ses décisions, et
qu’il a surestimé les recettes. Mais ils constatent dans l’ensemble que
la droite a bien engagé l’exécution du budget 2012 et, surtout, qu’elle a
réussi à tenir les dépenses.
Ce qui inquiète surtout les
magistrats de la rue Cambon, c’est l’année prochaine. Il va falloir
trouver pas moins de 33 milliards d’euros supplémentaires pour revenir à
3 % de déficit public. Une promesse de la France à ses partenaires,
réaffirmée par François Hollande. Or, en 2013, le gouvernement sera
livré à lui-même… et à ses engagements qui seront autant de casse-têtes.
Le maintien des effectifs de la fonction publique, par exemple,
empêchera, selon la Cour des comptes, toute augmentation de salaire pour
les fonctionnaires. Même pour rattraper la hausse du coût de la vie.
33 milliards
d’euros, c’est presque la mer à boire. Les Sages estiment qu’il sera
difficile de les atteindre sans une hausse de la TVA. Voilà qui est
iconoclaste : Nicolas Sarkozy avait prévu une augmentation en octobre de
1,6 point de la TVA… que François Hollande s’apprête à annuler. Les
socialistes affirment que la TVA est un impôt « injuste ». C’est
pourtant le seul qui est payé par tout le monde, en fonction de la
consommation de chacun (donc de ses revenus). Il a l’avantage de ne
peser ni sur le travail, ni sur le capital des entreprises – mais sur
les importations qui échappent aux autres taxations – et de rapporter
gros. Beaucoup plus que l’impôt sur le revenu, auquel échappe la moitié
de la population ! La justice serait-elle de ne faire payer que les
classes moyennes ?
Socialiste lui-même, Didier Migaud, le
président de la Cour des comptes, propose, avec la TVA, de briser l’un
des nombreux dogmes qui bornent l’idéologie de la gauche. Il a été
renvoyé dans les cordes sans surprise, hier, par Jérôme Cahuzac, le
ministre du Budget. Mais la réalité est têtue et le problème reste
entier : on reparlera de la TVA durant le quinquennat.
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