mardi 4 décembre 2012
Le temps des bombinettes
Le temps des bombinettes
« L’arme de dissuasion massive » est un terme à la mode. En matière
de défense, la bombe atomique est destinée à faire peur, quitte,
surtout, à ne pas servir. Idem, apparemment, sur le terrain politique.
Florange
? Arnaud Montebourg préconisait la nationalisation temporaire du site
détenu par Lakshmi Mittal, et annonçait qu’un autre investisseur était
disposé à prendre le relais. Cette solide alternative a-t-elle vraiment
existé ? Le Premier ministre lui-même semble en douter, ce qui
expliquerait, pour une part, l’abandon de la piste étatique. Un tiens
(un Indien, en l’occurrence) valant mieux que deux tu l’auras, François
Hollande et Jean-Marc Ayrault ont opté pour un compromis, aux flous
pourtant innombrables, avec le sidérurgiste. Couleuvre difficile à
avaler pour le fiérot Montebourg. Mais puisqu’il est trop facile de
tirer sur une ambulance, ne l’accablons pas davantage : au moins à la
marge, sa proposition tonitruante a peut-être incité ArcelorMittal à
trouver un accord avec le gouvernement.
À l’UMP ? La situation
était inextricable. Elle ne l’est guère moins. Jean-François Copé a
proposé, hier, un nouveau scrutin, mais il continue de finasser, en
proposant un référendum plutôt qu’une réédition quasi identique de la
primaire. Le président proclamé veut le rester au moins jusqu’aux
municipales de 2014, et ce calendrier est jugé irrecevable par le camp
de François Fillon. L’ex-Premier ministre brandit donc toujours la
menace de créer son propre groupe de députés. Une option qui
équivaudrait, en interne, à une salve nucléaire.
« Nationalisation
» pour les uns, spectre de la dissidence pour les autres : à gauche
comme à droite, au gouvernement comme à l’UMP, on manie donc l’arme de
la grande dissuasion. Ainsi présentée, comme une habileté tactique,
l’approche est assez valorisante. Mais un mot, bien plus négatif, peut
également résumer les deux épisodes : chantage. S’il devient une manière
banalisée de gérer les crises, cela abîmera un peu plus l’image
déplorable que véhicule trop souvent la politique. Manier des bombes,
qui de surcroît sont plutôt ici des bombinettes, est toujours dangereux.
Elles risquent d’exploser à la figure des envoyeurs.
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