TOUT EST DIT

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mardi 27 novembre 2012

Un arbitrage qui ne règle rien

Un arbitrage qui ne règle rien 


On a rarement vu un costume d'ancien Président convenir à un patron des causes désespérées : ceux qui espéraient que Nicolas Sarkozy reprenne les rênes de l'UMP nourrissaient des illusions. À défaut de pouvoir arbitrer un conflit qui ne fait que des perdants et dont il est le déclencheur malgré lui, depuis son échec du 6 mai, l'ex-locataire de l'Élysée semble privilégier l'arbitrage des militants.
On ne redevient pas sans danger la clé de voûte d'un édifice qui menace toujours de s'effondrer. Car la décision de la commission des recours ne règle pas l'affaire : même si Jean-François Copé, président de l'UMP pour la troisième fois en une semaine (!), invoque le pardon et le rassemblement, elle demeure illégitime, aux yeux de François Fillon.
On n'en serait pas arrivé là si les statuts de l'UMP avaient permis des candidatures plus nombreuses ; si le score avait été assez large pour passer les fraudes par pertes et profits ; et si les deux finalistes n'étaient pas été animés d'une telle envie d'en découdre.
On connaissait la volonté de Jean-François Copé de gagner, au terme d'une campagne acharnée et bien servie par les moyens du parti. On sous-estimait le côté coriace de François Fillon, accentué par la conviction de s'être fait piéger. Et on n'imaginait pas que la détestation entre les deux clans irait jusqu'à des propos et des méthodes qui n'appartiennent pas au monde politique civilisé.
Pour ces raisons, l'avenir des deux protagonistes et du parti se joue sur deux terrains, judiciaire et politique.
L'action en justice brandie par François Fillon peut théoriquement aboutir à une annulation du vote. Les 300 000 adhérents devraient alors retourner aux urnes. Ils sont nombreux à le souhaiter, pour effacer l'image de tricherie qui colle désormais au parti.
Pour autant, revoter n'a rien d'évident. Jean-François Copé, qui aurait tout à perdre, userait de tous les leviers de président en exercice pour l'éviter. L'organisation d'un nouveau scrutin aurait un coût élevé, au moment où les recettes fondent. À l'inverse, un procès long et incertain accroîtrait la cassure.
Sur le plan politique, le scénario le plus probable est celui d'un affaiblissement durable du premier parti de France : soit par abandon de militants écoeurés, soit par capillarité avec l'UDI de Jean-Louis Borloo ou le FN de Marine Le Pen.
L'éclatement brutal semble plus improbable. La dissidence paie rarement. Quitter la maison mère pour poursuivre la contestation peut passer pour de l'acharnement et conduire à échouer avec son camp. Ce matin, on comptera les courageux.
Sur le fond, rien n'est réglé, ni les causes de l'échec ni les fondements d'un projet. Ce parti, qui menace ruine et faillite, ne pourra plus fonctionner comme avant. François Fillon a peut-être perdu une bataille. Mais Jean-François Copé n'a pas encore gagné la guerre.
Se considérant remis en selle, il multiplie les engagements et relance l'attaque, forcément consensuelle, contre le gouvernement. Mais après cette séquence digne d'une cour d'école primaire, il va être difficile de se prévaloir d'une stature d'homme d'État.

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