TOUT EST DIT

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mardi 27 novembre 2012

Propos incendiaires

Objet d’un bras de fer entre l’État français et ArcelorMittal, les deux hauts fourneaux de Florange ne sont pas viables à eux seuls, dans une industrie en surcapacité de production. Le site comprend également un secteur rentable, la fabrication d’acier pour les constructeurs automobiles. L’industriel veut garder le meilleur et se débarrasser du pire ; le gouvernement refuse une telle option, qui condamnerait les hauts fourneaux et les 600 emplois qui en dépendent : voici l’enjeu.
Mais il y a aussi le style. Le numéro un de la sidérurgie mondiale ne déteste pas faire monter la température, avec acquisitions à la hussarde et prise de risques financiers, qui en font aujourd’hui un groupe dont la dette est considérable : plus de 18 milliards d’euros. Bienvenue dans l’Hexagone en 2006, lorsqu’il se présentait en sauveteur d’Arcelor, l’Indien Lakshmi Mittal était le symbole de la mondialisation et de la réussite des pays émergents. Il est aujourd’hui présenté comme le diable par Arnaud Montebourg, dont le goût pour la nuance est proverbial. « Nous ne voulons pas de Mittal en France », proclame Monsieur Redressement productif, au risque de donner une image caricaturale de la France alors qu’elle cherche à retrouver sa compétitivité et à séduire des investisseurs. Au risque, aussi, d’apparaître comme simplement démagogue, au cas où Florange ne trouverait pas repreneur.
Industriel d’un côté, ministre de l’autre, chacun joue avec le feu, méthode stérile et infernale.
Le chef de l’État reçoit ce matin le dirigeant sidérurgiste, utile montée en ligne. François Hollande devrait se passer des effets de langage, ce qui n’empêche pas la fermeté. Passera-t-elle par une nationalisation temporaire ? Évoquée par le gouvernement, l’option n’est pas forcément à exclure. En 2004, le ministre de l’Économie s’en était inspiré pour le sauvetage – réussi – d’Alstom. Ce ministre se nommait Nicolas Sarkozy. Et durant la grande crise financière, de nombreux pays y ont eu recours pour éviter la faillite de leur système bancaire.
C’est d’une approche pragmatique – et surtout pas idéologique, dans un sens ou dans l’autre – dont le site mosellan a besoin. Aucun propos incendiaire ne rallumera les hauts fourneaux.

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