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samedi 27 octobre 2012

Russie : vers la superpuissance

Russie : vers la superpuissance 


Ce serait une erreur de croire que la sévérité actuellement déployée par M. Poutine envers ses opposants est un simple retour aux méthodes policières de M. Brejnev. Selon la spécialiste de la Russie, Françoise Thom, qui publie un article dans la revue Commentaire, sur La politique étrangère de la Russie (1), il s'agit de bien autre chose, bien plus grave et beaucoup plus dangereux : la Russie a choisi de redevenir une superpuissance qui veut peser sur le destin du monde.
Après la valse-hésitation de M. Eltsine concernant l'alliance possible avec l'Occident, les partisans de la Russie impériale ont repris le dessus. Pour eux, la Russie n'est pas dans l'Occident où elle « ne sera jamais plus qu'un parent pauvre ». La Russie n'est pas le pays qui ne sait dire que oui à l'Occident car l'Occident, en réalité, ne songe qu'à la dominer en s'appuyant sur des démocrates russes qui ne sont que ses agents.
Ils estiment que la Russie est visée par un complot international conduit par les États-Unis pour l'affaiblir. À leurs yeux, la démocratie libérale est l'ennemi qu'il faut absolument bloquer à l'intérieur et dans l'étranger proche, en Biélorussie, en Ukraine. C'est pourquoi elle soutient leurs gouvernements corrompus et non démocratiques. C'est aussi pour cela qu'elle s'en prend à des pays comme la Géorgie, etc.
Par chance pour M. Poutine, la vertigineuse augmentation des coûts de l'énergie permet l'enrichissement de la Russie et lui donne les moyens de sa politique. Ainsi, le gaz lui permet de se projeter partout en Europe. « Ligotés à la Russie par les réseaux toujours plus serrés des gazoducs et des oléoducs, les pays de l'Europe ne se sentent plus tout à fait libres de leurs mouvements sur la scène internationale », écrit Mme Thom (1).
Logique stalinienne
Du coup, M. Poutine est bien près de réussir le rêve de l'URSS en 1945 : faire passer l'Europe sous l'influence russe par la dépendance énergétique. C'est pour cela que la Russie s'efforce de détruire la solidarité transatlantique comme la solidarité européenne.
M. Poutine est optimiste car il croit à l'effondrement des États-Unis et de l'Europe, empêtrés dans les conflits du Moyen-Orient et dans la crise financière et économique. Il s'efforce de démontrer que la protection des États-Unis est devenue une fiction. Il pense que les pays émergents, Brésil, etc., vont prendre le leadership du monde, aidés par la Russie. La crise économique actuelle détricote l'Union européenne, ce qui favorise les ambitions de M. Poutine qui, par ailleurs, lamine les élites pro-occidentales de Russie et des pays proches.
Dans le même temps, M. Poutine annonce la restauration du complexe militaro-industriel. Il augmente de 60 % le budget militaire et profite directement des accords militaires avec les pays européens. La France n'a-t-elle pas vendu récemment de puissants bâtiments de guerre de type Mistral ? On semble bien avoir oublié ici la parole de Lénine : « Les capitalistes nous vendront jusqu'à la corde avec laquelle on les pendra. » Françoise Thom conclut : « La logique stalinienne est encore bien vivante. »
Voilà qui explique clairement pourquoi M. Poutine a entrepris de pourchasser avec tant d'ardeur ses opposants démocrates sur le sol de la Russie. Voilà pourquoi il fait chanter l'Occident avec la crise en Syrie où il a envoyé, ne l'oublions pas, le porte-avions Amiral Kouznetsov. Voilà pourquoi il l'approvisionne en armes, comme la Turquie vient de le démontrer par l'arraisonnement de l'avion russe qui s'y rendait.
(1) Revue Commentaire, n° 139, automne 2012.

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