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dimanche 14 octobre 2012

L’homme qui sauva le monde

L’homme qui sauva le monde 


il y a cinquante ans, le monde avait un pied dans le vide, autant dire dans la tombe, et ce souvenir résonne étrangement alors que s’entrechoquent les rumeurs du trépas de Fidel Castro et la peur grandissante de l’émergence de la bombe iranienne.
C’est comme si, en un demi-siècle, l’humanité n’avait finalement pas appris grand-chose, et comme si l’équilibre ne pouvait qu’être celui de la terreur. Les blocs se sont déplacés, fragmentés, les échanges internationalisés, la menace de l’atome s’est dispersée, mais le monde reste à la merci d’un Docteur Folamour ou d’un despote illuminé.
Il faut donc continuer à faire confiance à l’homme. Il n’existe pas d’autre option. La crise de Cuba et son dénouement miraculeux nous rappellent qu’il suffit parfois que l’un d’entre nous, même le plus anonyme, se dresse pour éviter le pire qui n’est après tout jamais sûr.
Le 27 octobre 1962, au large de Cuba, l’apocalypse se serait déchaînée si Vassili Arkhipov, commandant en second d’un sous-marin russe équipé d’ogives nucléaires, n’avait pris le destin de la planète en main. Alors que son bâtiment avait franchi la ligne de blocus et se trouvait bloqué par onze navires américains, Arkhipov a refusé d’exécuter l’ordre de tir qui lui était donné. Il a choisi de refuser, au péril de sa vie, d’entraîner l’humanité dans une Troisième Guerre mondiale.
Il faut, pour prendre la mesure du courage de ce jeune homme, l’imaginer faisant face à deux supérieurs, au fond de l’océan, dans une chaleur étouffante. Se représenter la peur qui suinte parmi l’équipage, entendre les plaintes d’acier du sous-marin et les échos des bombes larguées par les bateaux en surface résonnant tels des craquements d’artillerie légère.
Il faut regarder cet homme refuser avec une obstination kominternienne de condamner le monde. C’est une bonne façon de continuer à espérer.
Cette histoire est restée secrète pendant quarante années, et Vassili Arkhipov, décédé en 1999 dans l’anonymat le plus complet, n’a jamais reçu le prix Nobel de la paix. Il mérite au moins, en cette date anniversaire, de rester dans les mémoires.

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