dimanche 9 septembre 2012
Le costume présidentiel
François Hollande n’est plus intervenu sur le petit écran depuis le
14 juillet. Pour son retour à la télé, ce soir sur TF1, dans quel habit
présidentiel apparaîtra-t-il ? La question n’a rien d’anecdotique. Elle
est même centrale dans la vie politique française.
Pour le chef de
l’État, une option est à écarter… d’office : ne pas revêtir son «
costume du dimanche », expression qui renvoie à la messe hebdomadaire et
à une image engoncée du paroissien qui veut faire bonne figure.
L’ex-candidat
socialiste doit montrer au contraire qu’il est parfaitement à l’aise
dans ses nouvelles fonctions malgré les vents contraires qui
s’accumulent, économiques et aussi médiatiques, tant la presse, y
compris de gauche, se déchaîne contre l’exécutif. Les médias
anglo-saxons pratiquent ce dénigrement farouche sous le nom de « bashing
», terme qui vient de faire son irruption dans l’Hexagone. Afin
d’endiguer cette vague hostile, afin de répondre au procès en
immobilisme, François Hollande n’a d’autre choix que de recadrer sa
politique. Et surtout d’adopter une démarche claire et offensive contre
le chômage, inquiétude, voire angoisse, numéro un des Français.
Ce
que dira le chef de l’État est crucial, mais la manière dont il
s’exprimera l’est aussi. Depuis une dizaine de jours, le changement de
ton a été amorcé, plus sombre, à la hauteur d’une crise dont la gravité
inédite a déjà été mise en avant.
Faire correspondre le style, la
fonction et les circonstances est l’équation que doit résoudre tout
locataire qui s’installe à l’Élysée : un exercice difficile, l’histoire
nous l’enseigne. Jacques Chirac avait d’abord flotté dans ses habits
présidentiels endossés au printemps 1995. La cristallisation était
intervenue, mais de manière très émouvante, le 8 janvier 1996, lorsqu’il
annonça, avec des mots pleins de force et de justesse, que François
Mitterrand venait de mourir. Élu en 2007, Nicolas Sarkozy avait pris la
véritable stature de chef d’État durant la crise financière mondiale de
2008. Plusieurs mois pour Jacques Chirac, un an pour Nicolas Sarkozy :
François Hollande ne dispose sans doute pas d’un délai aussi large pour
revêtir le « costume présidentiel ». Il le sait. Alors autant le faire
dès ce soir…
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire