Le boulet social
Les chiffres avaient été annoncés mauvais. Ils le sont pour le
seizième mois consécutif ! Le cap psychologique et symbolique des trois
millions de chômeurs est franchi. Le gouvernement se refuse à prendre sa
part de responsabilité aussi, les attaques coordonnées au sein de la
majorité contre l’héritage abominable du quinquennat Sarkozy sont
destinées à ne pas désespérer la France de la gauche.
Pourquoi ne
pas admettre que cette situation stressante pour toutes les familles qui
ont dans leur proximité des chômeurs résulte d’abord de la crise ?
Faire porter la faute aux autres n’aura qu’un temps. C’est une stratégie
de court terme alors qu’il faut oser se projeter dans un avenir dont
l’horizon est incertain. Si les Français sont patients, ils ne sont pas
inconscients. La situation est grave, et l’urgence d’une réforme
profonde du marché du travail exige de l’audace politique.
Les emplois aidés sont une recette bien pâle alors que le nombre de
demandeurs d’emploi s’est encore accru de 0,8 % en un mois. Que faut-il
faire et quelles sont les dispositions économiques intelligentes qui
doivent être prises pour casser cette machine infernale qui tue le
travail ? Le gouvernement doit apporter des réponses, même si cela fait
quarante ans qu’a été entamée la dégradation du marché de l’emploi.
Depuis
le premier choc pétrolier il n’y a eu qu’une série de courtes
rémissions d’un mal qui témoigne d’un handicap structurel français. Tous
les pays de l’Union européenne souffrent. Personne ne peut le nier mais
l’addition dans l’Hexagone est élevée et n’est pas la simple
conséquence de plans sociaux qui ont été reportés en raison des
élections.
À force de soigner les maux sans traiter les causes, on
est emprisonné dans une spirale infernale où le manque de travail
génère une angoisse permanente. Aujourd’hui, dans un contexte sombre,
trop d’investisseurs et de chefs d’entreprise doutent. Il existe
désormais un blocage, peut-être exagéré mais bien réel, lié à
l’accroissement de la pression fiscale annoncée dans l’Hexagone.
Les groupes transnationaux ne font pas dans le patriotisme économique
mais dans le business.
Depuis New York, François Hollande a le droit d’invoquer « une situation
dont nous héritons », mais ce que les gens lui demandent, ce sont des
solutions pour d’abord freiner, puis stopper, les suppressions de
postes. Ou du moins parvenir à une situation où le nombre d’emplois
créés est nettement supérieur à celui de ceux qui sont détruits. Le
projet de budget 2013 est donc attendu. Pour mesurer l’exacte volonté
d’un pouvoir qui s’est fait élire en proclamant : « Le changement, c’est
maintenant. »
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire