vendredi 28 septembre 2012
Ayraultisme
Jospin, jospiniste ; Villepin, villepiniste, ou encore Fillon,
filloniste… : à chaque Premier ministre, son style, son adjectif utilisé
dans le langage courant.
Ayrault, ayraultisme ? La malicieuse
correspondance phonétique – érotisme – prête à sourire. Mais la
conjoncture invite à tout sauf à la plaisanterie, dans un pays en pleine
déprime, où se pose pourtant la question du… « désir ». Du « désir
d’avenir » précisément, deux termes jadis associés par la socialiste
Ségolène Royal. Mais cette envie de futur ne relève pas du passé. Bien
au contraire, alors que vient de s’abattre sur la France le coup de
massue des chiffres angoissants du chômage.
D’abord avec le trac,
puis avec plus d’assurance, Jean-Marc Ayrault est venu défendre, hier
soir sur France 2, sa politique, et notamment sa clef de voûte, le
projet de loi de Finances 2013 officialisé aujourd’hui, mais dont les
grandes lignes sont connues : serrer les boulons de toutes parts, en
essayant de ne pas étrangler la croissance. Pas sûr que pour sortir d’un
tel étau, une autre majorité aurait abouti à des équilibres différents.
Ou aurait exprimé un message vraiment autre, ponctué de « stop à la
dette » ou de l’effort « juste ». Les marchés sont aux aguets et se
déchaîneraient au moindre signe de relâchement, avec, en perspective, la
menace d’une spirale comparable à celle de la Grèce ou de l’Espagne.
Nous n’en sommes pas là, et notre sort reste enviable par rapport à
celui de ces deux autres pays européens à l’économie exsangue. Mais la
population y donne le sentiment de vouloir réagir, même si c’est sur le
mode protestataire.
Chez nous – ne nous en plaignons pas – la rue
reste calme, mais sans que l’on sache si cela relève du choix raisonné
ou de la résignation devant la situation sociale.
Le Premier
ministre a lui-même souligné le danger de ce « défaitisme ». « Je veux
redonner de l’élan », a-t-il martelé, évoquant de façon implicite la
dimension psychologique du malaise national.
Sur sa propre volonté
de faire avancer le pays, sa sincérité était manifeste, derrière un
flegme plus british que prof d’allemand. Mais aura-t-il la durée, la
ténacité, pour redonner un cap à un peuple déboussolé ? Alors le mot «
ayraultisme » pourra(it) revendiquer sa place dans le dictionnaire.
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