mercredi 12 septembre 2012
Christiane Taubira présente le projet
Tout en annonçant un important « travail de réflexion et
d’élaboration du projet de loi » de légalisation du « mariage » des
couples homosexuels au cours d’« auditions conduites dans un esprit de
grande franchise et de grande écoute », le garde des Sceaux a déjà une
religion toute faite sur le sujet. L’égalité, l’égalité et encore
l’égalité sera la seule notion déterminante dans ce pseudo-débat et au
bout du compte elle fera taire toutes les oppositions, a en substance
déclaré Christiane Taubira en présentant les intentions du gouvernement à
La Croix :
« Nous sommes bien conscients de toutes les dimensions
philosophiques et anthropologiques entourant le mariage. Mais nous
estimons qu’elles ne peuvent venir percuter l’exigence d’égalité. C’est à
cela, à cette exigence d’égalité, que nous satisfaisons avec ce projet
de loi. »
Alors, qu’elle promette ou qu’elle ne promette pas de « discuter »
avec les associations favorables ou hostiles au « mariage » gay –
qu’elle appelle « le mariage pour tous » –, les « représentants des
cultes », etc., le contenu du texte de loi qui sera déposé d’ici à la
fin du mois d’octobre avec toute la force d’un projet de loi
gouvernemental promis explicitement au cours de la campagne
présidentielle, est déjà largement fixé.
Il s’inscrit profondément dans le refus de toute « discrimination »
considérée comme un mal en soi, et rejoint un mouvement de fond qui
progresse toujours davantage sur le plan international. D’ici à deux
semaines, l’Assemblée générale de l’ONU, lors
de sa 67e session annuelle, sera invitée à ajouter en droit
international « l’orientation sexuelle » et « l’identité de genre » aux
catégories contre lesquelles la « discrimination » est interdite,
avertit Austin Ruse de l’organisme de veille catholique sur les
institutions internationales, C-Fam. C’est cette notion qui est utilisée
pour promouvoir le mariage homosexuel, pour imposer l’adoption
homosexuelle. N’imaginons pas que l’affaire est marginale et ne concerne
que les homosexuels entre eux : outre l’intérêt des enfants – que
Mme Taubira prétend avoir pour première préoccupation – il y va des
droits de ceux qui refusent ces aberrations pour des motifs éthiques et
religieux. En Angleterre, les organismes d’adoption catholiques ont déjà
été sommés de choisir entre fermer leurs portes ou fournir leur
prestation à des demandeurs homosexuels.
Les prises de position de Mme Taubira laissent entrevoir un même
radicalisme. Elle a d’ores et déjà averti, en termes impérieux, que la
loi ne prévoirait aucune objection de conscience de la part des maires
et officiers publics qui « représentent l’Etat lorsqu’ils célèbrent un
mariage ». « Nous sommes dans un Etat de droit, le code civil va être modifié, il s’impose à tous, y compris aux maires », a-t-elle martelé.
Christiane Taubira est consciente de présider à « une révolution
sociétale, mais aussi juridique ». En même temps, peut-être pour tenter
de faire plus facilement avaler la pilule, elle a annoncé trois limites
aux droits des homosexuels « mariés ». Ils ne bénéficieront pas d’une
présomption de « parentalité » (la « paternité », ça ne colle plus !),
devant passer par la procédure d’adoption pour obtenir des droits
parentaux sur l’enfant biologique de leur « époux ». Le projet de loi,
en l’état actuel, n’entend pas non plus leur ouvrir l’accès à la
procréation médicalement assistée auquel ont droit, dans certaines
conditions, les couples « hétérosexuels » : infertilité de l’un ou de
l’autre ou existence d’une pathologie grave. Enfin, la légalisation de
la « gestation pour autrui » – mères porteuses – n’est pas à l’ordre du
jour.
Cependant, par une décision datant de mars 2012 (Valérie Gas contre
la France), la Cour européenne des droits de l’homme a fait comprendre
qu’à statut égal doivent correspondre des droits égaux. Ainsi
entrevoit-on qu’un couple d’homosexuels « marié » satisfaisant à l’une
des conditions actuellement en vigueur pour accéder à la procréation
médicalement assistée ne pourrait se la voir refusée sous peine de voir
le refus condamné par la Cour européenne. On pourrait même aller plus
loin, en faisant de l’infertilité de nature des couples homosexuels un
motif valable entrant dans le cadre actuel de la loi française. Quant à
la « parentalité » présumée, elle existe de plein droit pour les couples
mariés : pourra-t-on en exclure longtemps les « époux » gays ?
Pour ce qui est des mères porteuses, la France résiste encore. Mais
l’expérience prouve – aux termes d’une enquête menée par le site
australien d’informations pro-famille MercatorNet – que la légalisation
de l’adoption homosexuelle dans un pays s’accompagne toujours d’un
accroissement de la demande de ces services dans des pays plus
accommodants avec des femmes suffisamment pauvres pour se laisser
exploiter de la sorte.
Mme Taubira a choisi de s’exprimer dans La Croix, c’est tout
un symbole. Elle sait que la résistance sera d’abord religieuse même si
elle ne se fonde pas sur des exigences confessionnelles. L’éditorial de
Dominique Greiner en dit long lui aussi : le journaliste demande à juste
titre qu’on sorte du « domaine émotionnel » pour penser d’abord au
« bien commun », à la « dimension sociale du mariage » et à la
« différence sexuelle », mais il craint déjà que « certains
catholiques » ne soient « tentés de faire valoir de manière plus
démonstrative leur opposition, quitte à tomber dans la caricature ».
C’est vraiment ça, le danger qui guette la France ?
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire