TOUT EST DIT

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mercredi 12 septembre 2012

"Les impôts vont aussi valser pour les classes moyennes !"

S’il veut ramener le déficit à 3% du PIB en 2013, le gouvernement devra augmenter la CSG de 3 
à 5 points, prédit Patrick Artus, directeur de la recherche économique chez Natixis.
Capital : Le président a promis que les classes moyennes seraient épargnées par la rigueur. Tiendra-t-il parole ?
Patrick Artus : C’est peu probable. Certes, la nouvelle tranche d’impôt sur le revenu à 45% ne touchera que les contribuables gagnant plus de 150.000 euros par an, et l’imposition à 75% ne pénalisera que les 1. 000 foyers aisés. Mais d’autres mesures frapperont de plein fouet le reste des Français. A commencer par le plafonnement des niches fiscales – en particulier les avantages pour l’emploi de salariés à domicile – dont le montant sera réduit de 18.000 à 10.000 euros par an, ou encore le coup de rabot au quotient familial. Et ce ne sera que le début. Car si le gouvernement veut ramener le déficit à 
3% du PIB en 2013, il devra augmenter les impôts bien plus encore, et pour tout le monde.
Capital : N’y a-t-il aucun moyen d’éviter cela ?
Patrick Artus : A première vue, si. Pour trouver les 33 milliards qu’il nous manquera l’année prochaine, le moyen le plus efficace serait de lancer une grande réforme de l’Etat permettant de réduire durablement les dépenses publiques, comme l’a fait la Suède dans les années 1990. Mais les effets d’un tel chantier ne peuvent se mesurer qu’après quatre ou cinq ans. Le problème, c’est que les socialistes n’ont pas le temps. Ils n’auront donc pas d’autre choix que d’alourdir massivement la fiscalité. La tâche sera d’autant plus ardue qu’ils devront composer avec le multiplicateur budgétaire. Lorsqu’on augmente les impôts de 100, la consommation baisse en effet mécaniquement, et avec elle l’activité et… les recettes publiques. L’Etat ne gagne donc pas 100, mais seulement 50 ou 60. Autrement dit : s’il veut trouver 33 milliards, le gouvernement Ayrault ne devra pas augmenter les impôts de 33 milliards, mais au moins de 45 milliards. Presque l’équivalent de l’impôt sur le revenu en 2011 !
Capital : Doit-on s’attendre à une hausse de ce dernier ?
Patrick Artus : Non, ce ne serait pas suffisant. La seule option pour dégager des recettes d’un tel montant serait d’augmenter un impôt à base large, c’est-à-dire soit la TVA, qui rapporte 140 milliards par an, soit la CSG (87 milliards). Comme il a promis de ne pas toucher à la première, François Hollande devrait finir par rehausser la seconde de 3 à 5 points. Pour une personne gagnant 36 000 euros par an, cela représenterait une addition annuelle de 1.080 à 1.800 euros.
Capital : Que se passera-t-il si le gouvernement choisit de ne pas toucher à la CSG ?
Patrick Artus : C’est simple, notre déficit public ne reviendra pas à 3% du PIB l’an prochain, mais plutôt à 3,9%. Dès lors, si nous n’obtenons pas de nos partenaires – et surtout de l’Allemagne – un délai supplémentaire pour redresser nos finances, les marchés nous attaqueront comme ils l’ont fait avec l’Espagne.

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