S’il veut ramener le déficit à 3% du PIB en 2013, le gouvernement devra augmenter la CSG de 3
à 5 points, prédit Patrick Artus, directeur de la recherche économique chez Natixis.
Capital : Le président a promis que les classes moyennes seraient épargnées par la rigueur. Tiendra-t-il parole ?
Patrick Artus : C’est
peu probable. Certes, la nouvelle tranche d’impôt sur le revenu à 45%
ne touchera que les contribuables gagnant plus de 150.000 euros par an,
et l’imposition à 75% ne pénalisera que les 1. 000 foyers aisés. Mais
d’autres mesures frapperont de plein fouet le reste des Français. A
commencer par le plafonnement des niches fiscales – en particulier les
avantages pour l’emploi de salariés à domicile – dont le montant sera
réduit de 18.000 à 10.000 euros par an, ou encore le coup de rabot au
quotient familial. Et ce ne sera que le début. Car si le gouvernement
veut ramener le déficit à
3% du PIB en 2013, il devra augmenter les
impôts bien plus encore, et pour tout le monde.
Capital : N’y a-t-il aucun moyen d’éviter cela ?
Patrick Artus : A
première vue, si. Pour trouver les 33 milliards qu’il nous manquera
l’année prochaine, le moyen le plus efficace serait de lancer une grande
réforme de l’Etat permettant de réduire durablement les dépenses
publiques, comme l’a fait la Suède dans les années 1990. Mais les effets
d’un tel chantier ne peuvent se mesurer qu’après quatre ou cinq ans. Le
problème, c’est que les socialistes n’ont pas le temps. Ils n’auront
donc pas d’autre choix que d’alourdir massivement la fiscalité. La tâche
sera d’autant plus ardue qu’ils devront composer avec le multiplicateur
budgétaire. Lorsqu’on augmente les impôts de 100, la consommation
baisse en effet mécaniquement, et avec elle l’activité et… les recettes
publiques. L’Etat ne gagne donc pas 100, mais seulement 50 ou 60.
Autrement dit : s’il veut trouver 33 milliards, le gouvernement Ayrault
ne devra pas augmenter les impôts de 33 milliards, mais au moins de
45 milliards. Presque l’équivalent de l’impôt sur le revenu en 2011 !
Capital : Doit-on s’attendre à une hausse de ce dernier ?
Patrick Artus : Non,
ce ne serait pas suffisant. La seule option pour dégager des recettes
d’un tel montant serait d’augmenter un impôt à base large, c’est-à-dire
soit la TVA, qui rapporte 140 milliards par an, soit la CSG
(87 milliards). Comme il a promis de ne pas toucher à la première,
François Hollande devrait finir par rehausser la seconde de 3 à 5
points. Pour une personne gagnant 36 000 euros par an, cela
représenterait une addition annuelle de 1.080 à 1.800 euros.
Capital : Que se passera-t-il si le gouvernement choisit de ne pas toucher à la CSG ?
Patrick Artus : C’est
simple, notre déficit public ne reviendra pas à 3% du PIB l’an
prochain, mais plutôt à 3,9%. Dès lors, si nous n’obtenons pas de nos
partenaires – et surtout de l’Allemagne – un délai supplémentaire pour
redresser nos finances, les marchés nous attaqueront comme ils l’ont
fait avec l’Espagne.
mercredi 12 septembre 2012
"Les impôts vont aussi valser pour les classes moyennes !"
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