TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 6 juillet 2012

Presse écrite : résister ! 


Une grève a gravement perturbé la fabrication de votre journal, jeudi, empêchant même totalement l'impression des exemplaires destinés à quatre départements des Pays de la Loire. Nous avons été contraints de regrouper en deux éditions les journaux des départements bretons, normands et de la Mayenne. Nous vous prions de bien vouloir nous en excuser.De quoi s'agit-il ? Ni plus, ni moins que de l'avenir, en France, de la presse écrite et peut-être même de sa disparition.
En effet, plusieurs journaux sont en très graves difficultés, notamment deux confrères du Groupe Hersant (Paris-Normandie et L'Union de Reims). Un éditeur belge, le Groupe Rossel, avait formé le projet de reprendre les titres de ce groupe. Mais, pour cela, il exigeait la mise au clair de leur situation et leur remise en équilibre financier. Cela entraînait plusieurs centaines de licenciements. Malgré de longues et difficiles négociations, le Syndicat du Livre CGT a refusé les propositions qui étaient avancées concernant l'accompagnement social des départs de ces personnes. Le Groupe Rossel s'est alors retiré du projet. Le Syndicat du Livre CGT, pour protester et continuer son bras de fer, a appelé depuis Paris à une grève dite de solidarité dans toute la presse française.
C'est ainsi que Ouest-France s'est trouvé dans cette affaire qui ne le concerne en rien. Il faut signaler que seuls sept journaux sur trente-quatre titres de la presse quotidienne régionale ne sont pas parus. La section syndicale du Livre CGT d'Ouest-France a lancé l'ordre de grève auprès du personnel du journal, sans même lui demander son avis, sans même procéder à un vote. Le résultat a été le suivant : en définitive, 74 personnes sur 1 518 salariés se sont mises en grève. Fort heureusement, grâce à la mobilisation des équipes, il a pu être décidé de maintenir l'édition du journal de jeudi qui a été finalement réalisée partiellement.
Bien évidemment, nous ne mettons pas en cause le droit de grève. Nous contestons la méthode autoritaire unilatérale qui ne laisse pas de place au vote des personnels concernés. De plus, nous mettons en garde contre les conséquences économiques de tels mouvements dans les circonstances actuelles.
Difficultés de la presse
Les difficultés de la presse sont réelles : 700 000 exemplaires de quotidiens ont disparu depuis 2007 l'équivalent d'un grand journal  et le recul, hélas, se poursuit. Tout cela se passe sous les coups de la concurrence, née des nouveaux moyens de communication ainsi que de la multiplication des sites web gratuits et des nouvelles télévisions.
De plus, les investissements publicitaires destinés aux journaux ont accusé une baisse brutale considérable ; les petites annonces ont pratiquement disparu de la presse écrite pour se reporter par exemple sur des sites Internet. Ces pertes de recettes sont si importantes qu'elles mettent en cause l'existence même de nombreux titres.
Devant ces problèmes, on reste confondu par l'attitude du Syndicat du Livre CGT car, enfin, ce n'est pas par des non-parutions que l'on pourra finalement maintenir l'importance des tirages de journaux ; pas plus qu'en asphyxiant le malade, on peut espérer le sauver ! Ce n'est pas en exprimant une solidarité par la non-parution que pourront être aidés les titres actuellement les plus menacés !
Nous sommes particulièrement sensibles aux difficultés de nos confrères en péril immédiat. Ils sont victimes, en effet, de pratiques que nous avons réprouvées. Ils ont été achetés, revendus, parfois plusieurs fois. Ils en ont perdu, malgré eux, leur âme, leur flamme, leur rayonnement et leur attrait. C'est une perte lourde pour la diversité de la presse, pour le pluralisme nécessaire à la vie de notre démocratie. Cependant, il ne faut pas se tromper de moyens pour les sauver. Il ne faut pas non plus, au risque de les faire disparaître à leur tour, accroître les difficultés des titres qui se battent encore pour vivre.
Ouest-France dépend, nous le rappelons, d'une association loi de 1901 à but non lucratif, l'Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste. Son objectif n'est pas d'abord le profit, mais l'information. Si nous avons, jusqu'à présent, mieux résisté à la crise, il nous faut pouvoir poursuivre nos adaptations, nos innovations pour encore mieux remplir notre mission. Dans ce but, nous résisterons et nous nous battrons autant qu'il le faudra avec vous et pour vous, chers lecteurs.

0 commentaires: