TOUT EST DIT

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jeudi 5 juillet 2012

Économies : les ministres au muscadet !


Les ministres vont devoir faire des trous supplémentaires dans leur ceinture Gucci. Le mot d’ordre d’Ayrault est qu’ils se serrent la sous-ventrière un grand coup. En apparence surtout, je vous rassure. Contraints de « réduire leur train de vie ». Au point que Jean-Marc Ayrault a prévenu que « le hollandisme » serait « ascétique ». Déjà qu’il n’était pas farce.
Sur les dépenses de fonctionnement, le Premier ministre Ayrault a été clair dans sa « lettre de cadrage » : une baisse de 7 % en 2013, puis de 4 % en 2014 et 2015, est exigée. Sachant qu’à la base ce gouvernement coûte plus cher que les autres car les ministres, quoique légèrement moins payés, y sont plus nombreux : le plus grand nombre de ministres de la Ve République. On aurait pu commencer par tailler dans ce gras-là.
Outre une réduction de 10 % des effectifs du cabinet de Jean-Marc Ayrault par rapport à juin 2011, la rémunération des conseillers est désormais plafonnée à 13 000 euros par mois. Ce qui paraît déjà joli. Pour les conseillers de l’Elysée, c’est plus. Sachant que s’ils font comme leurs prédécesseurs, ils s’augmenteront en cours de route. Selon le député apparenté PS, René Dosière, qui avait épinglé les dépenses faites dans l’exécutif, entre le 1er juillet 2010 et le 1er mai 2011, les précédents conseillers ministériels avaient décidé de s’augmenter à quelques mois de la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ayant peur d’être remplacé après l’élection de François Hollande ils s’étaient réservé une bonne petite poire pour la soif, grattant un maximum de galette.
C’est comme ça que, selon Dosières, les conseillers de Gérard Longuet, ministre de la Défense, avaient vu leurs indemnités augmenter de 24 %, ceux de David Douillet, ministre des Sports, de 30 % et ceux de Maurice Leroy, le ministre de la Ville, de 32 %. Et la palme revient aux collaborateurs de Jean Leonetti, secrétaire d’Etat aux Affaires Européennes, qui se sont augmentés de 55 % ! Méditons cette leçon d’économie et de réduction du train de vie de l’Etat surendetté…
Et que dire des quatre conseillers de Valérie Trierweiler ? Pour elle toute seule. Pour faire quoi au juste ? Maintenant que Ségolène est KO. Pour médiatiser son « nouveau chignon chic et sans chichis » plutôt que son « brushing bourgeois », dernière info concernant la première dame ? Ou pour lui négocier un rôle dans le prochain Woody Allen ?
« Il n’y a pas de petites économies », veut-on nous faire croire.
« Aucune goutte de champagne n’a coulé depuis un mois », jure-t-on au cabinet du Premier ministre. C’est un muscadet sec, originaire de Loire-Atlantique comme Ayrault, qui a remplacé les bulles en or.
Et ce sera popote payante chez Sapin. Au ministère du Travail, il faut que bonne ambiance, convivialité et austérité fassent vite les preuves de leur bonne alliance. Le système de « popote » qui permet au personnel de manger sur place pour une dizaine d’euros est payant le midi comme avant, mais désormais le repas est aussi facturé le soir. A déduire des heures sup ?
Le cabinet de Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale, a vu lui sa facture augmenter : le ticket popote est passé de 6 à environ 10 euros. Ce qui reste encore très avantageux au regard des prix pratiqués dans le VIIe arrondissement.
Et pour le ministère de l’écologiste Duflot qui a intérêt à garder son jean finalement, trois vélos (de fonction) sont commandés. Avec des casques au moins ?
Les ministres mettent toujours leur point d’honneur à rouler français, mais c’est moins haut de gamme. Finie la Citroën C6 pour Bernard Cazeneuve, le ministre délégué aux Affaires européennes, qui roule désormais en Renault Mégane. J’allais dire comme vous et moi, sauf que la sienne est toute neuve. Sapin et Peillon ont quant à eux troqué leur Peugeot 607 contre une Citroen C5. Les transports en commun, à l’image d’Hollande qui devait voyager en train, plutôt qu’en « Air Sarko one » devenu symbole du bling-bling présidentiel, personne ne s’y est vraiment mis.
Fortement critiqué par la gauche, l’Airbus A330-200, acquis et aménagé à la demande de Nicolas Sarkozy, a transporté le président François Hollande, sa compagne et quelques ministres pour les sommets du G8 à Camp David dans le Maryland, puis de l’Otan à Chicago. Emprunter à la place de ce gros-porteur un des petits Falcon 7X serait certes apparu comme un geste fort, synonyme de volonté d’économies. Mais de bouts de chandelles en fait. En effet, laisser sur le tarmac un avion qui a coûté au budget de la Défense 176 millions d’euros n’est pas une vue saine des réductions budgétaires.
Les moins bien lotis seraient les ministres de tutelle. Première épreuve, à en croire Le Parisien : « ne pas se faire dépouiller par le ministre de tutelle ». Matignon a fixé un quota : 15 conseillers pour un ministre de plein exercice. Une règle parfois contournée sous couvert de « mutualisation ».
Les ministres délégués doivent ainsi parfois mettre à disposition de leur tutelle un, voire deux, conseillers pris sur leurs propres quotas.
Deuxième épreuve : la sécurité. Les ministres délégués n’ont pas d’officier de sécurité. Ministre délégué à la Ville, François Lamy est amené à se rendre dans les quartiers sensibles. Vendredi, c’était aux Pyramides à Evry et à la Grande-Borne à Grigny (Essonne) et sans garde rapprochée.
« Ça a été chaud », a reconnu le ministre en s’épongeant le front, pris sous les feux de pétards tonitruants. Si seulement ça pouvait lui mettre un peu de plomb dans la cervelle au passage (sans jeu de mots de mauvais goût) et lui donner la dimension de ce que vivent les « vraies gens » !

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