vendredi 22 juin 2012
Johnny et Jack, au patrimoine
« Sale temps », a dû penser Jack Lang en regardant, hier soir,
la ligne grise des Vosges. Les orages vosgiens ont coupé le son à sa
fête de la musique et l’électeur du coin son micro de député que ce
saltimbanque de l’Assemblée promenait avec une rare aisance depuis
trente ans à Paris, Blois, Boulogne, Saint-Dié. « Hit the road Jack »
(Taille la route Jack), le standard de Ray Charles sera sa dernière
chanson. L’âge n’est pas tendre avec les langues de bois. Privé d’une
ultime tournée des années 1981, l’inventeur de la fête de la musique a
attendu en vain le rappel du public. Pourtant, longtemps la scène
politique a repassé en boucle les mêmes partitions, a autorisé les
come-back les plus improbables d’artistes que l’on a cru disparus.
Désormais, elle va plus vite que la musique pour brûler ses idoles,
inventer d’éphémères stars et organiser des radio-crochets qu’elle
appelle primaires.
En même temps, la musique devient conservatrice
surtout le rock and roll. Voyez Johnny Hallyday, cinquante ans de
scène, vieilli, usé mais aimé et révéré. Et Madonna, 53 ans, agile comme
au temps du disco. Et MacCartney, Mick Jagger, les Beach Boys, Bob
Dylan ces ex des « sixties » qui ont survécu aux excès de l’époque, aux
scissions, aux coups tordus, aux redressements fiscaux et aux DJ. Fan
éclectique, Jack Lang ira sans doute voir Johnny sur scène, ce qui lui
rappellera une autre de ses inventions : la journée du patrimoine. Si on
n’avait pas Johnny et la fête de la musique, il aurait fallu inventer
ces deux monuments de notre patrimoine national.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire