vendredi 22 juin 2012
Mohamed Merah II ?
Un jeune musulman de 26 ans disant agir par « conviction religieuse »
et se réclamant d’Al-Qaïda. Preneur d’otages et finalement arrêté par
les policiers d’élite antiterroristes. A vous non plus ça ne dit
vraiment rien ? A Toulouse, tout près de l’immeuble où un certain
Mohamed Merah a été tué par le Raid trois mois plus tôt, après ses
tueries.
Fethi Boumaza, est « un déséquilibré », nous précise-t-on, comme on
s’était empressé de nous le dire de Mohamed Merah (décidément ils sont
nombreux, c’est dû à la viande folle halal ?). Un nouveau « cas isolé ».
La prise d’otages aura duré environ sept heures tendues, sur
l’avenue Camille-Pujol à la Côte-pavée, quartier résidentiel naguère
prisé pour son chic, son calme et sa verdure, à quelques minutes du
centre-ville.
La Côte-pavée, cernée par 150 policiers, avait l’impression mercredi
de revivre un cauchemar. C’est à quelques centaines de mètres seulement
que le fou d’Allah, le moudjahid Mohamed Merah, est mort le 22 mars
sous les balles du Raid après avoir assassiné sept personnes dont trois
enfants et blessé plusieurs policiers lors de l’assaut.
L’individu est entré dans la banque vers 10 heures et a demandé de
l’argent aux employés avec insistance. Il n’a pas été pris au sérieux et
a sorti son arme, un pistolet gomme-cogne. Il a alors tiré une fois.
Selon le procureur, Fethi Boumaza affirmait agir non pas pour
l’argent, mais uniquement par « convictions religieuses confuses » :
« C’étaient des revendications religieuses mal définies et mal
exprimées. » Il s’est pourtant clairement revendiqué d’Al-Qaïda, selon
des informations policières que le procureur a refusé de confirmer.
C’est vrai que ça commence à faire beaucoup. Surtout, ne pas insinuer
qu’il pourrait s’agir d’un nouveau Merah. Il n’y a que Marine Le Pen
pour se laisser aller à des amalgames aussi grossiers :
« Combien de Mohamed Merah dans les bateaux, les avions, qui
chaque jour arrivent en France remplis d’immigrés ? Combien de Mohamed
Merah parmi les enfants de ces immigrés non-assimilés ? », avait-elle déclaré en meeting à Nantes sous un tonnerre d’applaudissements.
Les deux otages, deux employés de cette succursale de la CIC,
sont sains et saufs. Deux autres otages avaient été libérés par le
forcené dans le courant de l’après-midi. Aucun policier n’a été blessé.
Fethi Boumaza a été atteint par les hommes du GIPN
alors qu’il sortait de la banque en tenant en respect un des otages et
en pointant son arme alentour. Blessé, il est parvenu à retourner dans
l’agence où il a été interpellé, non sans avoir rassemblé ses forces
pour tenter encore d’y mettre le feu…
« Mon frère est un musulman croyant mais pas intégriste »,
a nuancé sa sœur. « Nous sommes sortis en boîte, nous avons bu de
l’alcool, mon frère avait la rage et peur du monde extérieur. »
Tout au long de la prise d’otages, selon les premiers témoignages –
mais qui seront vite mis en veilleuse – Boumaza va insister dans ses
discussions avec les négociateurs sur l’islamisme qui l’anime, et qu’il
demande aux autorités de relayer auprès de la presse. Ce sera exactement
l’inverse qui sera fait.
Il n’y a guère que l’audacieux Robert Paturel, ancien du Raid, qui a
osé dire à la télévision que l’affaire Merah avait « créé des
vocations ».
Le lieu du nouvel événement et la revendication d’Al-Qaida peuvent
au moins laisser penser à un tel lien. Avant de se précipiter, pris de
panique, sur d’autres explications formelles.
Depuis les attentats terroristes de Toulouse, les policiers ont
relevé que de nombreux individus avaient proféré des menaces et des
insultes envers les policiers en faisant référence à Mohamed Merah. Le
seul exemple donné par les médias jusqu’ici, date du début avril : à
Paris, un homme avait appelé le commissariat en affirmant vouloir
« buter des flics comme Merah » avant de se retrancher dans son
appartement du nord de la capitale. La Brigade de recherche et
d’intervention (BRI) et la brigade anticriminalité (BAC)
avaient été dépêchées sur place, mais l’homme avait finalement ouvert
sa porte sans opposer de résistance. Il n’était pas armé mais en état
d’ébriété.
Plus significatif : Yoni Palmier, suspect principal dans une série
de meurtres perpétrés dans l’Essonne entre fin 2011 et le printemps
2012, aurait quant à lui été fasciné par l’affaire Merah. Bien qu’il eût
déjà commencé sa série de crimes présumés, les enquêteurs pensent qu’il
a accéléré son rythme à cause des tueries de Toulouse.
Le Service de protection de la communauté juive (SPCJ)
a lui récemment publié un rapport pointant une « explosion » des actes
antisémites depuis l’affaire Merah, jusqu’à la grave agression
criminelle des trois jeunes juifs de Villeurbanne. Le ministère de
l’Intérieur a lui aussi relevé une hausse des actes et menaces
antisémites de 46 % par rapport à l’an dernier.
Ça fait beaucoup de déséquilibrés.
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