TOUT EST DIT

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dimanche 26 février 2012

La banalisation du Front national 

 Le Front national fait passer son lourd bagage idéologique, nationaliste et autoritaire par le chemin de la revendication sociale. 

C'est nouveau et inquiétant. Les électeurs qui s'apprêtent à voter Marine Le Pen le font de plus en plus par adhésion à ses simplissimes idées. Jean-Marie Le Pen, tribun poujadiste avec moulinets et rodomontades, incarnait parfaitement le vote protestataire qui a toujours existé en France. Sa fille se place sur un autre terrain. En se dédiabolisant, elle veut gagner en crédibilité.
Le sondage régional que nous avons publié jeudi montre bien que ses électeurs placent l'adhésion à ses idées avant la défiance envers les autres partis et la sanction de Nicolas Sarkozy, dans l'ordre de leurs motivations.
Parmi les propositions qu'ils plébiscitent, des idées simples, radicales, ou démagogiques. Carrément démagogique, le retour à l'âge légal de la retraite à soixante ans quand la durée de vie s'allonge démagogique, hélas, parce qu'impossible à financer, l'augmentation immédiate de deux cents euros nette pour les plus bas salaires inapplicable à moins de créer un État policier, et préjudiciable à la vitalité de notre pays, le passage de l'immigration légale de 200 000 à 10 000 entrées par an radical et dangereux, la fin de l'euro, même concertée, et le retour au franc.
Ces propositions de Marine Le Pen ont un double objectif : satisfaire les attentes légitimes d'ouvriers et d'employés en matière d'emploi et de pouvoir d'achat, et les rassembler contre l'ennemi commun, l'étranger, qu'il soit travailleur immigré ou trader installé à Shanghai, qu'il soit imam ou bien ouvrier dans une usine indienne. Le Front national fait passer son lourd bagage idéologique, nationaliste et autoritaire par le chemin de la revendication sociale.
Le discours ambiant sert les desseins du Front national. L'extrême droite n'est pas la seule à conspuer la mondialisation, le capitalisme et les marchés. On y va aussi, avec plus ou moins d'entrain, mais on y va quand même, à gauche, à droite, et même au centre !
Les dirigeants des partis politiques qui entonnent ces refrains savent pourtant qu'on n'en finira ni avec la mondialisation, ni avec le capitalisme, ni même avec les marchés. Mais qu'il est aussi nécessaire de s'y adapter que de les réguler. De là à le dire, il y a un pas qu'ils n'ont pas encore franchi.
Marine Le Pen a bien compris le parti qu'elle pourrait tirer de cette nouvelle donne. La radicalisation de la critique économique et sociale banalise le Front national et ouvre un terrain où il excelle.
Dans la dénonciation sans véritable solution, dans l'éructation sans limite, il ne craint pas grand monde.
Il reste à savoir si la banalisation du Front national sera son sacre ou sa tombe.

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