TOUT EST DIT

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dimanche 26 février 2012

Xavier Bertrand : « François Hollande a une peur panique de déplaire »

Pour le ministre du Travail, l’avance du candidat socialiste fond comme neige au soleil face au président-candidat dont il défend l’action et le programme. 

Le chômage a augmenté pour le cinquième mois d’affilée en janvier. Pour le PS, le bilan du quinquennat, c’est 1 million de chômeurs en plus. Est-ce que ce n’est pas le plus gros échec de Nicolas Sarkozy ?

Xavier Bertrand. Depuis 2007, il y a 700 000 demandeurs d’emploi de plus, et encore selon l’enquête emploi du Bureau international du travail (BIT), qui sert de base aux comparaisons internationales, c’est 400 000. ajoutent dans leur calcul tous les travailleurs à temps partiel. Ils mentent donc impunément. Le chômage a frappé partout en Europe, sauf en Allemagne, qui a fait les réformes qu’il fallait il y a dix ans. Avec ce que nous mettons en place, le soutien à l’activité partielle, les accords compétitivité-emploi, nous allons dans la bonne direction. François Hollande est mal placé pour donner des leçons. La Corrèze est un des départements où le chômage a le plus progressé l’an dernier. Je remarque au passage qu’il n’en fait jamais sa priorité.

Il propose pourtant son contrat de génération…
Ce n’est qu’un contrat d’apprentissage au rabais, puisque sans diplôme à l’issue! Quant au tutorat… les entreprises ne l’ont pas attendu pour s’y mettre. En regardant son livre, je me suis aperçu qu’il était davantage un commentateur de la vie politique qu’un décideur. Il brosse des portraits de ses concurrents, il décrit la société française. Ce n’est pas ce qu’on attend d’un candidat à la présidentielle. Il serait temps qu’on connaisse clairement ses propositions.

Il en a fait soixante…
Mais il change tout le temps! Il y a chez lui une peur panique de déplaire. C’est dans son tempérament. Or, vouloir être président de la République, c’est être capable d’assumer des choix qui ne sont pas forcément populaires. Sur le nucléaire, la finance, la retraite, le quotient familial et maintenant l’euthanasie, c’est chaque fois la même tactique : il avance une proposition et dès qu’il voit que ça suscite des réactions négatives, il fait aussitôt marche arrière, en espérant que dans la confusion, chacun aura entendu ce qu’il voulait entendre !

Lejaby, Photowatt et maintenant Petroplus… Pourquoi n’avez-vous pas trouvé plus tôt de solutions pour ces entreprises en difficulté  ?
On n’a pas attendu ces dernières semaines pour se mobiliser! On a trouvé beaucoup de solutions pour d’autres entreprises, comme Manurhin, mais personne n’en parle. Quand la gauche gouvernait, c’était renoncement sur reniement. Souvenez-vous de Lionel Jospin et Renault Vilvorde en 1997 ou du même, quelques années plus tard, déclarant « l’Etat ne peut pas tout » pour Michelin ou pour Lu.

François Chérèque vous accuse de faire pression sur les chefs d’entreprise pour décaler l’annonce des plans sociaux après les élections…
C’est faux! Je répète à chacun que l’emploi ne doit pas être la variable d’ajustement, et je le dis aussi publiquement. Je dis à François Chérèque de rester dans le combat syndical. La neutralité politique des syndicats est une tradition en France. Que chacun reste dans sa logique.

En 2007, déjà, Nicolas Sarkozy promettait d’interdire les parachutes dorés. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ?
Depuis 2007, beaucoup a été fait pour moraliser la rémunération des dirigeants. Nous avons alourdi la fiscalité sur les stock-options et les retraites chapeaux. Par ailleurs, nous avons laissé la possibilité aux chefs d’entreprise d’élaborer un code de bonne conduite. Mais pour quelques-uns que je considère comme des requins complètement décalés et déconnectés de la réalité, qui ne pensent qu’à amasser des sommes folles, désormais une loi s’impose. Heureusement, la grande majorité des entrepreneurs français ne ressemblent pas à ceux-là.

Voir des chefs d’entreprise gagner 2 M€, 3 M€ ou 4 M€, est-ce que cela vous choque ?
Les actionnaires et les représentants des salariés sont plus à même de décider du bon niveau de rémunération qu’un ministre. Tout de même… voir certains gagner chaque année des sommes qu’ils ne pourront pas raisonnablement dépenser en une vie, est-ce que ça a du sens? Bien sûr que non! Attention toutefois, il ne s’agit pas de stigmatiser car la question peut s’appliquer à tous les revenus extravagants, comme ceux de certains grands sportifs par exemple.

Avec le recul, le RSA, c’était une erreur ?
Non, mais il y a deux parties dans le RSA : le RSA socle, qui a permis à 150 000 personnes de sortir de la pauvreté. Le RSA activité ensuite, qui permet à ceux qui reprennent un emploi de gagner plus qu’en restant inactifs. Sur cette partie-là, on n’a pas obtenu tous les résultats. D’où l’idée d’imposer aux allocataires sept heures de travail par semaine. On ne peut pas uniquement se contenter d’indemniser. C’est la logique des droits et des devoirs que chacun doit intégrer.

Nicolas Sarkozy propose une réforme de la prime pour l’emploi afin d’augmenter les bas salaires. Il parle de 1 000 € en plus sur la feuille de paie. François Hollande estime que cela revient à 3 € en plus. Combien toucheront les Français concernés ?
Soit les experts de François Hollande ne savent pas compter, soit ils mentent de façon éhontée. Avec la réforme, un couple avec deux enfants et un seul salaire au smic pourra gagner jusqu’à 855 € supplémentaires par an. Un couple de salariés gagnant chacun 1,1 smic avec deux enfants touchera 244 € de plus. Un célibataire au smic 137 €.

La campagne est-elle musclée, violente ou normale ?
Une élection présidentielle, c’est une vraie confrontation. Ça peut être musclé, mais ne tombons pas dans la caricature : cette campagne n’est pas violente, comparée aux attaques qu’a subies le président de la République depuis cinq ans. Les socialistes pensaient rester à des niveaux himalayens dans les sondages. Or, avec la dynamique et le rassemblement de la campagne de Nicolas Sarkozy, leur avance fond comme neige au soleil. Ça leur met beaucoup de pression, et François Hollande, la pression, il n’aime pas. Ses amis se répartissaient déjà les postes. Tous ces gens-là oublient qu’au final ce sont les Français qui décident! La campagne n’est pas finie, elle ne fait que commencer.

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