TOUT EST DIT

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lundi 2 janvier 2012

La zone euro cherche à lever les ambiguïtés ayant présidé à sa création

Bruxelles Bureau européen - Voilà donc dix ans que l'euro a remplacé les devises nationales dans les porte-monnaie des citoyens européens. Cet anniversaire coïncide avec une crise sans précédent de l'Union monétaire. Une tempête qui n'a pas cessé de gonfler depuis le naufrage, en 2010, de la Grèce, admise dans la zone euro après avoir trafiqué ses comptes. Et qui s'est amplifiée avec le surendettement des Etats, fragilisés par la crise financière, mais aussi avec l'incapacité collective à endiguer l'onde de choc.

Gouvernance embryonnaire, manque de leadership, dissensions entre capitales, batailles institutionnelles... l'Union monétaire a perdu une bonne partie de sa crédibilité en étalant ses faiblesses. Au point que les plus pessimistes doutent des chances de survie de la monnaie unique.


Les dix-sept pays membres ont certes entrepris, cahin-caha, de rebâtir leur maison commune. Mais ce chantier revient souvent à lever les ambiguïtés qui ont présidé à la conception de l'euro, sous l'égide de François Mitterrand et d'Helmut Kohl.
Le renflouement des Etats en difficulté C'est l'un des principaux acquis de la crise. Désormais, il est possible de renflouer un Etat en détresse financière, alors que les traités interdisaient cette perspective. Cette rupture a d'ailleurs suscité, et suscite toujours de fortes tensions politiques dans les pays du nord de la zone euro, les plus vertueux (Allemagne, Pays-Bas, Finlande), sur fond de montée des forces eurosceptiques.
La Grèce, puis l'Irlande et finalement le Portugal ont ainsi pu être placés sous assistance financière, avec le soutien du Fonds monétaire international (FMI), en échange de la mise en oeuvre de plans d'assainissement drastiques.
Cependant, la force de frappe des fonds de secours mis en place dans l'urgence risque de ne pas suffire pour stabiliser des pays comme l'Italie ou l'Espagne en cas de nécessité en 2012.
Or, les capitales se déchirent sur la meilleure façon de rehausser les "pare-feu". Et elles ne se sont toujours pas accordées sur la possibilité de procéder à une mutualisation des dettes.
Le renforcement de la discipline budgétaire Il s'est imposé comme une contrepartie aux efforts inédits de solidarité acceptés par les pays les plus solides. La chancelière allemande, Angela Merkel, a par exemple posé comme condition d'avoir les moyens de peser sur les choix budgétaires avant de voler au secours de la Grèce.
Dans la foulée du premier plan d'aide, en 2010, le Pacte de stabilité et de croissance a été durci. En décembre 2011, les dix-sept Etats de la zone euro - et neuf pays qui n'y sont pas encore - ont, surtout, mis sur les rails un nouveau traité censé muscler leur pacte budgétaire. Seul le Royaume-Uni a refusé de s'engager dans cette voie.
L'accent mis sur les politiques de rigueur risque néanmoins d'affaiblir encore un peu plus les économies les plus fragiles de la zone euro, au point d'amplifier les divergences économiques au sein de l'Union monétaire. Or, sans investissements ni créations d'emplois, rien ne sera réglé à terme.
Le rôle la Banque centrale européenne La BCE - son action est cruciale dans la gestion de la crise et la stabilisation du secteur bancaire - a fait preuve d'un certain pragmatisme pour pallier l'inertie des politiques, au risque, selon les plus orthodoxes, d'outrepasser son mandat.
Mais l'extension de la crise a aussi incité certains pays, dont la France, à accroître leurs pressions pour transformer la BCE en prêteur en dernier ressort des Etats, sur le modèle de la Fed, son homologue américaine.
L'Allemagne s'oppose à une telle approche, brandissant les traités qui interdisent de renflouer un Etat en faisant marcher la planche à billets. Le sujet est donc prudemment ignoré dans les discussions sur le futur traité à vingt-six.
La mise en place d'un gouvernement économique L'Allemagne, qui refusait depuis le lancement de l'Union monétaire de renforcer son volet politique dans le but de "protéger" la BCE, s'est finalement rangée au souhait exprimé de longue date par la France. Les avis divergent cependant sur le pilotage de ce gouvernement économique, et sur les modalités de son contrôle démocratique.
Nicolas Sarkozy veut placer l'ensemble sous l'autorité des sommets de la zone euro ; des pays, comme l'Italie, la Belgique, ou la Pologne, souhaitent renforcer le rôle des institutions bruxelloises.
Jean-Claude Trichet, l'ex-président de la BCE, avait proposé la création d'une fonction de ministre des finances européen, chargé de superviser les politiques budgétaires et économiques des Etats.
Toutes ces pistes nécessiteraient des transferts plus importants de souveraineté. Un choix politique ultrasensible, en particulier en France, au moment où les opinions publiques voient la construction européenne, et l'euro, d'un oeil critique.

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