TOUT EST DIT

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lundi 2 janvier 2012

Le retour du refoulé industriel

Dix ans plus tard, la production est partie là où on accepte de fabriquer encore. Et le cours de Bourse s'est effondré.

Défaites le joli noeud, déchirez le papier, faites tourner le cadeau entre vos mains, souriez bêtement, remerciez gentiment, et regardez subrepticement l'origine de l'objet. Vous verrez que cette année encore le père Noël est allé se servir en Chine. Le père Noël n'est pas cocardier.

Il est même carrément antinational.

Il s'est fourni au moins disant, n'écoutant pas les objurgations de Nicolas Sarkozy, de François Hollande, de François Bayrou, d'Arnaud Montebourg, de Jean-Luc Mélenchon, de Marine Le Pen, d'Eva Joly. La classe politique exhorte en choeur le peuple français à acheter et à produire en bleu, blanc, rouge. Le salut est hexagonal désormais.

On a vu ces dernières semaines nos leaders en campagne traverser avec des allures martiales les ateliers et les chantiers, casque sur la tête, lunettes de protection sur le nez. Il s'agissait de montrer au pays qu'en France demeurent quelques usines. La photo idéale montrait le candidat serrant la main d'un ouvrier, comme on salue le dernier des Mohicans.

Ce retour du refoulé industriel est un remords et une tromperie.

Nos gouvernants ne sont ni idiots ni sous-informés. Ils ont entendu assez de conseillers, rencontré suffisamment de patrons, pour savoir que la France perd ses usines depuis vingt ans comme on perd son sang. Nos déficits commerciaux abyssaux le prouvent. Nos entreprises ne sont plus assez compétitives.

Pour pallier cette déshérence industrielle, il suffisait d'écouter les bons spécialistes et les bons praticiens demander qu'on restaure les marges des entreprises, qu'on finance et encourage la recherche et l'innovation, qu'on renforce les passerelles entre universités et monde du travail, qu'on développe l'apprentissage, qu'on crée les conditions pour le développement des PME, qu'on favorise leurs exportations. Il fallait se résigner à un travail ingrat, pas toujours populaire, qui n'a rien de spectaculaire, qui ne rapporte pas de voix, et qui exige durée et effort. Quelle horreur !

On a préféré prendre pour un génie ce patron d'un groupe du CAC 40 prônant une stratégie d'entreprise sans usines. Dix ans plus tard, la production est partie là où on accepte de fabriquer encore. Et le cours de Bourse du mastodonte industriel s'est effondré.

La tromperie consiste à faire croire aux Français que pour retrouver un lustre industriel et une meilleure santé économique, il suffit de dresser des herses aux postes frontières. Alors que la France appartient à une Union européenne qui possède ses propres frontières à l'intérieur desquelles se fait la majorité de nos échanges commerciaux, alors que le monde est entré dans une ère de partage du travail où les places ne sont pas données mais acquises de haute lutte.

Mais il faut bien se faire élire.

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