TOUT EST DIT

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lundi 2 janvier 2012

L'EDITO DE MERDE DU JOUR EST ENCORE DANS "LE MONDE"

Les meilleurs vœux (pieux) du président

Grave, courageux et solide "dans la tempête" : telle est l'image de lui-même que Nicolas Sarkozy entend donner aux Français. Engagée depuis des mois, cette bataille de la crédibilité présidentielle a franchi un nouveau palier le 31 décembre 2011, avec la présentation de ses vœux aux Français.

Rien n'a été négligé pour dramatiser la situation : économie mondiale "au bord de l'effondrement" depuis trois ans, "crise inouïe, la plus grave sans doute depuis la seconde guerre mondiale", "circonstances exceptionnelles", "destin de la France" qui "peut une fois encore basculer"... Difficile de faire plus churchillien et gaullien à la fois ! Pour mieux convaincre les Français de reconduire ce président qui fait face, plutôt que de confier le sort du pays à des candidats dont aucun ne serait, à ses yeux, à la hauteur des défis du temps présent.

Tout cela aurait une certaine allure si ne flottait, sur ce discours, un insistant parfum de rodomontade. Ainsi du rôle des marchés financiers et des agences de notation.

Depuis deux ans, le président de la République ne cesse de marteler la nécessité de diminuer nos dépenses publiques et de réduire notre dette pour garder la confiance de ceux - les marchés en premier lieu - qui prêtent à la France l'argent dont elle a besoin pour boucler ses budgets. Récemment encore, dans ces colonnes, il récusait tout "laxisme". Depuis deux ans, il justifie des réformes aussi emblématiques que celle des retraites par cette ardente obligation. Depuis deux ans, il fait de la note AAA de la France un "trésor national" à préserver à tout prix.

Et le voilà qui, d'une phrase, paraphrasant de Gaulle ("La politique de la France ne se fait pas à la corbeille"), assure que "ce ne sont ni les marchés ni les agences qui feront la politique de la France". Qui peut le croire, quand tout démontre le contraire ?

De même pour le chômage, qui doit, a assuré Nicolas Sarkozy, faire "l'objet de toute notre attention" et sur lequel "nous devons changer notre regard", afin que la formation des chômeurs "devienne la priorité absolue, afin que chacun puisse se reconstruire un avenir". Très bien, et il y a urgence. Mais que n'a-t-il engagé cet effort voilà trois ans, quand la crise a commencé ? Les Français peuvent se poser la question.

Quant aux "dérèglements de la finance" et aux "dégâts qu'elle a provoqués", on passe véritablement des voeux de bonne année au voeu pieux : "La taxe sur les transactions financières doit être mise en oeuvre." Mais par quel miracle ? L'instauration de cette taxe était l'un des objectifs de la présidence du G8 et du G20 que M. Sarkozy a assurée en 2011. Il n'a pas été atteint. On voit mal comment il le serait, cette année, alors que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne y restent farouchement opposés.

Le chef de l'Etat ne cesse d'affirmer sa volonté de dire la vérité aux Français. Pour convaincre, il conviendrait qu'il y conforme ses actes. De même, avant de donner aux autres des leçons de sérieux, il serait avisé de ne pas les oublier pour lui-même.

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