jeudi 29 septembre 2011
Guerre des juges et justice déboussolée
Dans sa quête effrénée des informateurs de journalistes enquêtant sur l'affaire Bettencourt, le procureur de Nanterre a-t-il franchi la ligne jaune ? Telle est la conviction d'une juge qui lui reproche d'avoir violé le secret des sources en examinant leurs relevés téléphoniques, et ainsi d'avoir eu recours à un procédé irrégulier. Ce n'est pas la réalité des faits qui est en cause mais leur légalité, et ce qu'ils révéleraient des méthodes controversées de Philippe Courroye, passé d'une réputation d'intransigeance à celle d'un ami du pouvoir. Le chef du deuxième parquet de France, en plein cur de la Sarkozie, convoqué en vue d'une mise en examen, voilà qui est inédit. Comment pourrait-il en effet continuer à exercer le ministère public ? Voilà qui en dit long sur cette justice troublée, contrainte, pour assurer la sérénité de l'instruction et mettre fin au déchirement des juges, de dépayser le dossier à Bordeaux. Une justice amenée à dessaisir la juge Prevost-Desprez d'une enquête sensible que son ennemi Courroye, dit-elle, aurait cherché à entraver pour protéger l'Élysée. Cette même juge qui prend des libertés avec la déontologie en livrant un témoignage accusateur à un journaliste alors qu'elle a obligation de saisir
la justice. Quel micmac ! Quel tohu-bohu ! Et quelle image calamiteuse d'institutions - justice et police - qui donnent l'impression d'être plus préoccupées de déloger des « gorges profondes » et de couvrir un clan que d'établir la vérité. L'espionnage de la presse relèverait-il de l'intérêt supérieur de l'État ? Qu'elles soient mitterrandiennes ou « guéantistes », ces écoutes espiègles ne grandissent pas la démocratie.
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