Pourquoi l'hyper-diplomé Juppé -hier cabossé et marginalisé, toujours désespérément sérieux, voire cassant- est-il aujourd'hui à la mode, au point d'être pour beaucoup de députés UMP qui le brocardaient autrefois un repère rassurant ?
Il est l'anti bling-bling, et la dureté de la crise redonne de l'éclat à son profil très classique, très Vème République.
Il a le cuir tanné, et a montré jusque dans le tribunaux ses capacités d'encaisseur.
Il aime l'Etat, et c'est un homme d'ordre.
Il a des bonnes relations avec le centriste François Bayrou, mais incarne sans états d'âme et sans tentations frontistes la droite républicaine.
Il n'a jamais eu de tentations communautaristes, et défend ardemment la laïcité « à la française ».
Au quai d'Orsay, il se veut toujours, malgré la crise, l'homme de « l'exception française ». Sans alignement sur les Américains.
Les relations de Nicolas Sarkozy et d'Alain Juppé sont devenues, c'est un fait, excellentes. Si, à droite, tant de regards se tournent vers le maire de Bordeaux, c'est que ce super-chiraquien rassure. Et ce n'est pas de trop quand, au sein de l'UMP, le doute est partout.
Juppé joue donc jeudi soir -peut-être pour lui, sûrement pour son camp- une partie importante. Double objectif: d'abord redonner le moral à des troupes désoirentées et souvent abattues; ensuite ouvrir, s'il le peut, des pistes en débloquant... le frein à main. Car tandis que la gauche fonce, la droite, aujourd'hui, est carrément à l'arrêt.
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