Depuis que, le 11 décembre, Dominique de Villepin a fait l'annonce de sa candidature à l'élection présidentielle, il est remonté sur son cheval. L'ancien premier ministre, qui avait mis sa campagne entre parenthèses depuis l'été, s'est remis à faire des déplacements. L'équipage est modeste, les horizons restreints, les moyens limités. Les effectifs de République solidaire, le mouvement qu'il a fondé en juin 2010 avant de s'en "libérer" un an plus tard, ne cessent de s'effilocher. Pourtant, lui fait mine d'y croire.
Jeudi 22 décembre, il effectuait une visite matinale au marché de Rungis. 6 heures : au milieu des crocs de boucher, des têtes de veau et des volailles chaponnées, M. de Villepin arpente les allées du secteur des produits carnés. Les grossistes sont habitués à ces expéditions politiques préélectorales. L'accueil est chaleureux. L'ancien premier ministre goûte ce genre d'exercice, chiraquien en diable. "Ici, il y a des gens dont la poignée de main ne ment pas, des gens qui aiment leur métier, insiste-t-il. C'est la France qui mérite d'être reconnue et récompensée, la France de l'excellence et du travail."
A 7 heures, il s'attable au Saint-Hubert en compagnie des présidents des syndicats professionnels. Il tape sans rechigner dans les assiettes de charcuterie et de fromage, avale goulûment un verre de bordeaux. Il se ressert, s'échauffe, s'enflamme, plaide avec véhémence pour le "courage". "Nous entrons dans une période de communication et d'image alors que nous avons besoin de décisions, déplore-t-il. A un moment, il faut du courage et savoir se placer sur le terrain de l'intérêt général. Il ne suffit pas d'avoir l'air courageux, il faut être courageux."
Il juge "grave qu'on ait consacré autant d'énergie en vain pour conserver ce triple A que nous sommes en train de perdre". "Il nous faut de la rigueur, mais pas une rigueur qui nous épuise, qui nous laisse exsangues. On a besoin d'hommes et de femmes qui disent la vérité aux Français." On a compris que l'actuel président de la République ne se range pas dans cette catégorie. "La politique, aujourd'hui, est dans la pensée magique, c'est du zozotement, poursuit-il. La question est : qui est capable de faire ?"
La réponse est contenue dans la question : qui d'autre que lui ? "Tous les hommes politiques ne sont pas égaux. Il y en a qui ont fait des choses (lui) ; il y en a qui n'ont rien fait (Bayrou) ; il y en a qui ont échoué (Sarkozy). Moi j'ai agi, j'ai diminué la dette, j'ai fait baisser le chômage. Face à la crise des banlieues, contre Nicolas Sarkozy, j'ai pris mes responsabilités, j'ai décrété l'état d'urgence."
Etat d'urgence
L'état d'urgence, son nouveau sésame. "La situation l'exige. Si cette campagne électorale ne sert pas à changer la donne, elle ne servira à rien, estime M. de Villepin. Soit on revient en arrière, soit c'est la fuite en avant en continuant ce qui ne marche pas. Ce sera totalement stérile. Le système est pervers. Je connais le pouvoir de l'intérieur. Je sais l'impuissance du politique, je sais que Nicolas Sarkozy n'a rien dans les mains. La machine politique est une machine d'illusions."
Il tape, mouline, reprend une rasade, engouffre une tranche de fromage, tonne contre ce "système d'irresponsabilité". François Fillon, qu'il avait qualifié de "premier ministre transparent", en prend pour son grade. "En 2007, il disait être à la tête d'un Etat en faillite. Qu'a-t-il fait ? Il a augmenté la dette de 700 milliards. L'irresponsabilité ne peut pas rester dans l'impunité. Ils ont menti aux Français et, ça, ça va se payer, promet-il. Croyez-moi, aujourd'hui, je suis peut-être seul. Dans deux mois, cela ne sera plus le cas."
A quelques jours de Noël, il semble habité par sa destinée, convaincu que son étoile brille toujours au firmament, qu'il est le sauveur qu'attend la patrie en souffrance. Il se lève d'un coup, salue, embrasse, lève les bras, conquérant, inébranlable, galvanisant la petite troupe qui l'accompagne. "On reviendra, promet-il à ses hôtes du jour. C'était roboratif et ça met en jambes."
vendredi 23 décembre 2011
Villepin : "Tous les hommes politiques ne sont pas égaux"
VILLEPIN, VILAIN, VILLEPIN VIL PAIN, VILLEPIN VILIPENDEUR DE PACOTILLE
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