TOUT EST DIT

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dimanche 27 novembre 2011

Un gouvernement d’union nationale rêve ou réalité ?

La crise emporte tout sur son passage. Tout, et surtout les gouvernements européens, qui passent à la trappe les uns après les autres. Après la Grèce et l’Italie, c’est au tour de l’Espagne. En poste depuis 2004, José Luis Zapatero a quitté, le week-end dernier, le pouvoir par la petite porte. Comme Silvio Berlusconi, il a été sifflé et hué par son peuple en colère. La défaite de la gauche espagnole est historique : 110 députés pour le PSOE, contre 186 au Parti populaire. La panique commence à gagner les pays voisins. A qui le tour ? En France, on cherche à se rassurer. A rassurer. Que faire, que dire, à six mois d’une élection présidentielle dont l’issue semble plus incertaine chaque jour ? A situation exceptionnelle, solution exceptionnelle ?

Un gouvernement de « rassemblement national », a, le premier, suggéré Dominique de Villepin à la mi-novembre. L’ancien Premier ministre, dont la candidature semble chaque jour plus aléatoire, se propose ainsi de « bousculer ». Pari gagné. Cette idée séduit autant qu’elle divise. Parmi les séduits, Claude Allègre. L’ancien ministre de l’Education nationale de Lionel Jospin appelle de ses vœux un gouvernement d’« union nationale » qui rassemblerait la droite et la gauche, à l’exclusion des Verts et de l’extrême droite. Estimant que plus grand-chose ne sépare « une gauche qui n’est plus pour l’économie administrée et un Nicolas Sarkozy devenu keynésien », Allègre vote pour une « équipe de France » dans laquelle se retrouveraient « Sarkozy, Hollande, Collomb, Vallini... ».
 Une hypothèse à laquelle ne semble pas adhérer du tout l’Elysée. « Rassembler demain la gauche et la droite dans le même gouvernement, c’est un scénario que nous n’étudions pas », admet un membre de l’entourage de Nicolas Sarkozy. « Nous avons face à nous la gauche la plus sectaire d’Europe. Elle n’est absolument pas prête à s’asseoir sur une banquette, face à nous. Comment construire quoi que ce soit avec elle ? » André Vallini, un proche du candidat du PS, François Hollande, est tout aussi... sceptique : « On n’en a jamais parlé dans l’entourage de François Hollande. Cette alliance se justifie en temps de guerre ou dans un cas comme la Grèce. On n’y est pas ! En revanche, la situation est suffisamment grave pour que, si François Hollande l’emporte et si certaines bonnes volontés se manifestent comme François Bayrou, Jean Arthuis ou des gaullistes déçus de Nicolas Sarkozy, il faudra les accueillir. » Union nationale, non, mais une ouverture plus large qu’aux alliés traditionnels pourrait être envisagée. Encore faut-il qu’ils réussissent d’abord l’union de la gauche. Ce qui n’est pas gagné !

"Nous avons face à nous la gauche la plus sectaire d’Europe"

Au conseil fédéral d’Europe Ecologie - Les Verts (EELV), samedi 19 novembre, Cécile Duflot a rappelé que l’accord signé avec le PS n’était « pas un accord gouvernemental », sans pour autant exclure une participation des écolos à un éventuel gouvernement socialiste. Celle-ci dépendra d’abord de la campagne présidentielle et de la dynamique de l’entre-deux- tours. Du côté du Front de gauche, la porte est encore moins ouverte. Et risque de se fermer complètement si le MoDem devient un allié. « Sur les retraites, la règle d’or, la dette... nous disons l’exact contraire de François Bayrou », relève François Delapierre, le bras droit de Jean-Luc Mélenchon. « Entre Bayrou et nous, il faudra choisir », ajoute Delapierre, pour qui un gouvernement dans lequel cohabiteraient le Front de gauche et le MoDem « ne pourrait qu’exploser à la moindre difficulté ». Au MoDem, où un accord avec le Front de gauche est tout aussi impensable, François Bayrou est très favorable à un « gouvernement d’union nationale ». Une idée qui lui est chère et qu’il se targue d’avoir lancée dès la précédente campagne présidentielle. « Il faudra le faire. C’est une certitude. Les temps exigent que l’on bâtisse une majorité qui dépasse les affrontements habituels. Que l’on mette en place une équipe soucieuse de l’intérêt général sans calcul partisan. »
Ces positions provoquent l’incrédulité de Marine Le Pen. La candidate du Front national ne se fait aucune illusion : « S’il y a, de toute évidence, des convergences de vues entre Jean-Pierre Chevènement, Arnaud Montebourg, Nicolas Dupont-Aignan, Manuel Valls et le Front national, aucun n’acceptera jamais de gouverner à nos côtés. » Quant à l’éventualité d’une « grande dynamique entre nationalistes et mondialistes » au nom des intérêts supérieurs de la France, la patronne de l’extrême droite estime que cela relève de « l’utopie ». « Les uns et les autres ne sont d’accord ni sur les constats ni sur les remèdes. Cela ne marchera jamais. »
 « Impossible, en effet », confirme l’essayiste Alain Minc, pour qui, « s’il y a un pays qui n’est pas prêt à ça, c’est la France ! Arrêtons avec ces fadaises. En France, nous n’avons même pas été capables de voter la règle d’or que même l’Espagne a adoptée ».
« Jamais », conclut Jean-Louis Bourlanges, pour qui, « malgré les apparences », les clivages n’ont jamais été aussi aigus dans la classe politique. « Qu’y a-t-il de commun entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, qui campent sur le refus de l’euro et de l’Europe et rejettent toute stratégie nationale et étatique, et François Hollande ou Nicolas Sarkozy ? » En y réfléchissant, Jean-Louis Bourlanges voit bien « une possibilité » pour imposer ce gouvernement d’union nationale : « Qu’une partie du corps électoral (5 à 8 % suffiraient) se déplace entre l’élection présidentielle et les élections législatives », provoquant ainsi une situation inédite qui obligerait le président à prendre des décisions fortes.
« Un président de gauche, une Assemblée de droite. Ou un président de droite, une Assemblée de gauche. Chacun élu à quelques semaines d’intervalle. Deux pouvoirs contraires également légitimes, et dont ni l’un ni l’autre ne serait amené à prendre le pas sur l’autre. Voilà qui serait intéressant », pour l’ancien député européen. Cette théorie originale séduit le juriste Guy Carcassonne. « Un président d’une couleur, élu en mai. Une Chambre d’une autre couleur, élue en juin. La situation serait totalement inédite. Pour gouverner, le président de la République ne pourrait que s’entendre avec la majorité législative. Et probablement de faire un gouvernement d’union nationale. Il n’aurait pas le choix. » •Point final

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