mardi 25 octobre 2011
Prenons garde au pugilat politique
Passée la primaire socialiste, nous voilà entrés de manière plus nette dans la précampagne électorale. Même si Nicolas Sarkozy n'a pas encore annoncé officiellement sa candidature, la bataille est clairement ouverte entre deux camps. Il est tentant, chez chacun, de s'employer à décrédibiliser l'adversaire. Stratégie dans laquelle viennent clairement de s'engager, front contre front, l'UMP (à l'exception de quelques-uns de ses membres) et le Parti socialiste.
Ce faisant, les uns et les autres oublient très vite l'une des grandes leçons de la primaire socialiste : les Français ont apprécié cette manière de débattre sans anathème, qui poussait chacun des candidats à développer posément ses arguments. Ils ont eu, pour une fois, le sentiment d'être respectés par ceux qui briguaient leur suffrage, et qui abandonnaient partiellement, pour un temps, le jeu des petites phrases assassines...
Cette aspiration à entendre et à pratiquer la politique autrement, sans doute faut-il la rapprocher en partie du succès de François Bayrou au premier tour de la présidentielle de 2007. Le Béarnais n'avait pas seulement capitalisé un vote protestataire. Il avait incarné une véritable attente d'un changement dans la manière de faire de la politique.
Cette attente n'avait ensuite pas trouvé de concrétisation. La crise ne fait que rendre cette attente plus intense. Les Français veulent des explications, des repères. Ils demandent à comprendre, pour pouvoir assumer leurs responsabilités, choisir et, si nécessaire, consentir à des sacrifices, sous réserve qu'ils leur paraissent justifiés.
D'un côté, un probable candidat campe dans la position du meilleur capitaine de navire en tant de crise ; de l'autre, un adversaire dénonce la prétention de son rival à jouer les Superman, opte pour un rassemblement fondé sur le fait de dévoiler le moins possible de ses intentions tout en manoeuvrant au mieux les appareils partisans... Si le débat politique devait se borner à cette opposition de deux postures, il y a fort à parier que la déception serait grande dans l'opinion publique.
Si les partis privilégient, comme cela commence, le travail de démolition de l'adversaire, plutôt que le sens de la responsabilité collective, on ne préparera pas la mobilisation des Français sans lesquels ne seront gagnés ni le pari de la réduction de la dette ni celui de la recherche d'une nouvelle croissance. Si, de surcroît, ce débat se déroule sur un arrière-fond de déballage d'affaires, autant dire que notre vie politique s'engagera sur la voie de la déroute honteuse des Bleus au mondial de foot, plutôt que sur le chemin de la reconquête de l'honneur d'une équipe de France de rugby en difficulté qui a su privilégier la solidarité dans l'adversité.
Dans une élection présidentielle, il est tentant de donner la primeur à la bataille politicienne sur la pédagogie et la délibération citoyenne. La priorité, c'est alors de battre l'adversaire, non de chercher, dans le débat, à construire la meilleure politique. Ce dispositif nous fait perdre du temps, au moment où nous aurions besoin de construire des solutions en commun.
On en a vu les effets caricaturaux au Congrès américain en juillet dernier, où les stratégies de blocage des Républicains ont conduit à la dégradation de la note des États-Unis par Standard & Poor's. Au moment où le triple A de la France est mis sous surveillance, nous avons besoin de davantage d'intelligence politique et d'un plus grand sens de l'intérêt national. La France ne peut pas attendre pour commencer à s'attaquer aux problèmes et aux défis qui se dressent devant elle.
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