TOUT EST DIT

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mardi 4 octobre 2011

Le juste prix

Ces derniers jours, le petit monde des scientifiques s’interrogeait. Hoffmann, prix Nobel de médecine ? La balance penchait souvent vers le oui. La bonne nouvelle a donc comblé les initiés plus qu’elle ne les a étonnés. Il est vrai que Jules Hoffmann est depuis longtemps une référence chez les biologistes et que son palmarès international tient plus du dépliant que de la carte de visite.


Le prix qu’il recevra à Stockholm souligne la place décisive des laboratoires universitaires strasbourgeois dans l’essor de cette ville qui a très peu d’industries. Il salue aussi les mérites d’une méthode de travail fondée sur une connivence avouée entre le CNRS et l’université. Le clivage qui en d’autres villes sépare enseignement et recherche n’existe pas à Strasbourg. Les chercheurs du CNRS ont derrière eux des décennies de travaux en commun avec leurs collègues universitaires, qu’il s’agisse d’échanges de thésards ou de publications préparées sous un double sceau. Ce fonctionnement transversal, qui a déjà fait ses preuves quand Jean-Marie Lehn a reçu le Nobel de chimie en 1987, confirme son immense intérêt avec les équipes pluridisciplinaires groupées autour de Jules Hoffmann.


Cette récompense a d’autant plus de vertus qu’elle contrarie une vague de pessimisme général. La France hésite et l’Alsace doute. En pleine polémique sur le trou d’ozone, le gaz de schiste ou le nucléaire, la notion même de progrès scientifique est contestée. Il faut au moins le prestige d’un prix Nobel de médecine pour contredire le défaitisme ambiant et admettre que les travaux de Hoffmann, Beutler et Steinman ont substantiellement fait avancer notre compréhension des déficiences immunitaires.


Les conséquences de ce prix Nobel seront visibles localement. Strasbourg va gagner plusieurs places dans le palmarès des meilleures universités du monde, le fameux « classement de Shanghai » qui n’a pas que des vertus mais qui est un bon instrument de communication.


L’Alsace doit mille fois remercier Jules Hoffmann et les chercheurs de l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire. Un prix Nobel suscite des retombées bien au-delà du lauréat. Cette distinction intellectuelle est aussi un sésame. La nouvelle université de Strasbourg, qui depuis sa réunification en 2009 rassemble en une même instance les sciences humaines, le droit et les sciences dites exactes, dispose d’un atout supplémentaire pour faire valoir ses mérites sans qu’on la suspecte de vantardise. En ces temps de vaches maigres, c’est forcément bon à prendre.


Vient un moment où il faut savoir renoncer aux dérives de l’autoflagellation et être fier de ce qu’on sait faire. Ce prix Nobel arrive à point nommé. Un juste prix !

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