TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 4 octobre 2011

Cartes rebattues jusqu'à la gauche

Retenez-moi, ou je fais un malheur ! Voilà donc à quoi se résumait, jusqu'à dimanche, l'audace de Jean-Louis Borloo qui bat en retraite au moment prévu pour lancer son offensive présidentielle. Pourquoi renonce-t-il ? Et à qui profite son revirement ?

Comme Nicolas Hulot, il a pu confondre cote de popularité et intentions de vote. Il n'a pas eu la capacité d'entraînement pour transformer le panier de crabes centriste en une force organisée. Il a admis que l'on était peu crédible à vouloir dénoncer les dérives du sarkozysme quand on l'a servi durant quatre ans. Il a fini par reconnaître la légitimité et la concurrence de François Bayrou. Il a pris conscience que la dynamique de la primaire socialiste et la résistance du FN risquaient de disloquer sa famille désunie. Il admet enfin avoir surestimé sa carapace psychologique et sous-estimé la violence des coups.

Le premier effet est que le centre droit redevient un champ en jachère. L'abdication de Jean-Louis Borloo en rase campagne laisse d'autant plus d'orphelins qu'il avait tout prévu pour convaincre de la solidité de son entreprise : il avait quitté l'UMP, créé un parti (l'Alliance républicaine écologiste et centriste), organisé un congrès, une université d'été, inauguré un QG de campagne, écrit un livre programme...

Surtout, il avait soulevé des espoirs et embarqué dans son aventure des amis qui vivent son revirement comme une trahison d'autant plus douloureuse qu'ils l'ont appris en direct à la télévision !

La seconde conséquence intéresse Nicolas Sarkozy. Avec un concurrent en moins - peut-être deux, si Villepin renonçait lui aussi - le président de la République élargit un peu son espace entre PS et extrême droite. Il réduit les doutes quant à sa candidature. Nourrit l'espoir d'être mieux placé au premier tour. Et éloigne le risque d'éclatement de l'UMP.

L'importance d'une non-candidature

Toutefois, il n'est pas acquis que l'électorat de Jean-Louis Borloo votera en masse pour Nicolas Sarkozy. Tout dépend de la capacité du parti présidentiel à (ré) unir les droites « populaire », libérale et sociale qui ont tant de mal, en particulier dans l'Ouest, à cohabiter sous la même enseigne.

Le troisième résultat concerne les centres. Le retrait de Jean-Louis Borloo ne résoud pas le problème de la réserve de voix pour la droite au second tour. La candidature probable de l'ex-ministre de la Défense Hervé Morin, qui guettait impatiemment cette défaillance, n'élargira guère la base électorale de la majorité.

En revanche, François Bayrou, qui avait anticipé ce qui se passe, devrait être le premier à profiter de l'espace laissé vacant. À la faveur d'un possible score à deux chiffres, il caresse l'espoir de devenir l'arbitre de la présidentielle. Parions qu'il sera l'homme politique le plus courtisé !

Enfin, quatrième constat, le retrait de Jean-Louis Borloo rebat les cartes jusqu'à la gauche. Cette avancée vers une candidature quasi unique de la majorité est un soulagement pour l'UMP mais un souci pour le vainqueur de la primaire socialiste. La concurrence d'Eva Joly, de Jean-Luc Mélenchon et de l'extrême gauche risque de freiner son élan. Pour gagner une finale, il est toujours préférable d'impressionner aux éliminatoires.

Morale de cet épisode : il arrive qu'une non-candidature soit un événement plus important qu'une candidature !

0 commentaires: