TOUT EST DIT

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jeudi 25 août 2011

Perspective réaliste

Tout au long du mois de juin, les principaux médias du monde ont beaucoup parlé de la Turquie, généralement en bien. Mais, à mon avis, ils n’ont pas tout dit et rien en tout cas d’une donnée nouvelle qui est venue, depuis peu, transformer l’équation turque.

Mais d’abord où en était la Turquie au début de cette année ? Ce pays de 80 millions d’habitants, qui aspire à devenir membre de l’Union européenne bien que la plupart de son étendue soit en Asie, est en pleine renaissance politique, économique et culturelle depuis le début de ce XXIe siècle.

Héritier d’un grand empire et d’une belle civilisation, il a traversé une longue période de déclin avant d’être rudement secoué, il y a près d’un siècle, par Mustafa Kemal Atatürk.

Mais c’est seulement en 2001 qu’il est entré dans ce cycle vertueux qui l’a conduit depuis lors, pas à pas, vers la démocratie, la prospérité et une grandeur retrouvée.

Les élections législatives du 12 juin 2011 ont donné près de 50 % des voix, une belle majorité au Parlement et le pouvoir pour la troisième fois consécutive à la formation de Recep Tayyip Erdogan, le Parti de la justice et du développement (AKP).

Ce parti héritier d’une formation islamiste a très bien géré l’économie : elle connaît, depuis dix ans, une croissance « à la chinoise » de l’ordre de 8 à 9 % l’an. Le revenu par habitant a doublé et les exportations ont quadruplé en valeur. Les investissements étrangers ont afflué et les émigrés sont revenus.

Membre fondateur de l’OTAN, la Turquie en est aujourd’hui le pays militairement le plus important après les États-Unis. Quant à son économie, elle se classe au 17e rang mondial.

Mais ce dont Erdogan est le plus fier, c’est d’avoir fait de la Turquie en dix ans une quasi-démocratie dont les performances ne cessent de s’améliorer, un pays « en paix avec son identité islamique » et un modèle pour les nations arabo-musulmanes. Avec le président Abdullah Gül et le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, il a élaboré et mis en œuvre une politique extérieure originale qui a fait de la Turquie un acteur remarqué de la scène internationale.

C’est tout récemment que la donnée nouvelle évoquée au début de cet article a été introduite par ce « printemps arabe » dont on n’a pas fini de mesurer l’impact sur la vie internationale.

Il a surpris tout le monde et a déconcerté trois grands pays du Moyen-Orient : Israël, Iran, Arabie saoudite. Ils l’ont non seulement mal accueilli, mais, à ce jour, ne savent pas comment le prendre.

La Chine et la Russie ont eu la même réaction négative et ont fait chorus avec eux.

L’Europe, les États-Unis et la Turquie se sont trouvés, eux, ensemble et dans un camp opposé : celui de pays qui, passé un moment de surprise et d’hésitation, ont décidé courageusement d’épouser le changement et d’aider les peuples à se débarrasser de leurs tyrans.

C’est là un clivage nouveau et important. Pour Israël d’abord : gouverné par le tandem Netanyahou-Lieberman, il va vers un isolement encore plus grand ; pour la Turquie ensuite : son Premier ministre, Erdogan, voit soudain son « nous voulons voir l’Union européenne comme une alliance de civilisations » passer du stade de l’utopie à celui de la perspective réaliste.

En 2023, dans douze ans, sera célébré le centenaire de la République turque fondée par Kemal Atatürk. Est-il irréaliste d’imaginer qu’Erdogan – il n’aura alors que 69 ans et pourra être passé du poste de Premier ministre à celui de président – obtienne, pour cette date charnière, l’adhésion de son pays, la Turquie, à l’Union européenne ?

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