TOUT EST DIT

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jeudi 25 août 2011

Austérité en poudre

Le saupoudrage est une vieille recette française. En général, il est utilisé pour distribuer des subventions : les sommes sont d’autant plus minimes que les récipiendaires sont nombreux. François Fillon a montré hier que le saupoudrage fonctionnait aussi dans l’autre sens.

Son plan anti-déficit est une addition de mesures qui paraissent au premier abord moins « méchantes » que les propos alarmants des derniers jours le laissaient craindre. À y regarder de près, cependant, il y a bien un tour de vis, ou, plus exactement, de nombreux tours de vis catégoriels. On ne touche pas aux gros boulons du haut de l’édifice budgétaire, mais on ajoute des rivets un peu partout dans les coins. En d’autres termes, on fait les fonds de tiroir. Les fumeurs, les détenteurs de patrimoine, les très riches et les entreprises sont en première ligne. Les mécontents seront nombreux, mais ils sont assez dispersés pour ne pas être en mesure de constituer un front commun massif. C’est du moins ce qu’espère l’exécutif.

Ce plan sera-t-il suffisant ? À moyen ou long terme, certainement pas, car ce n’est pas de douze milliards d’économies dont la France a besoin pour résorber sa dette et pour garantir sa capacité d’emprunter à des taux raisonnables, mais de bien plus. On se demande d’ailleurs si ces douze milliards sont réalistes, car certaines mesures, telle la taxation exceptionnelle des plus hauts revenus, sont surtout symboliques. La création d’une tranche supplémentaire de l’impôt, comme en Allemagne, la suppression de la TVA à 5,5 % dans la restauration – c’est l’une des niches fiscales les plus coûteuses –, l’abrogation du « paquet fiscal » très dispendieux de 2007, auraient été mieux accueillies, à la fois par les marchés et par beaucoup de Français. Mais de telles mesures auraient obligé Nicolas Sarkozy, qui a déjà été contraint de démanteler son « bouclier fiscal », à désavouer pratiquement toute sa politique financière, ce qui est trop demander à huit mois de la présidentielle.

Le saupoudrage d’hier est un signe pour dire à tout le monde – aux investisseurs comme aux électeurs — que le gouvernement s’attelle à assainir les comptes. Le vrai plan d’austérité est pour les lendemains des élections de 2012, et il s’imposera aux vainqueurs de la présidentielle et des législatives, quels qu’ils soient. L’austérité en poudre de 2011 est un échantillon lyophilisé de celle qui nous attend.

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