TOUT EST DIT

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jeudi 25 août 2011

La rigueur fait recette

Comment rassurer les marchés sans « désespérer » le monde du travail miné par un chômage massif ? Comment cultiver la rigueur sans casser la croissance ? Comment accroître l'impôt sans froisser l'électeur ? Rarement le devoir budgétaire de rentrée aura été aussi difficile et risqué pour le gouvernement.

La faute au rebond d'une crise protéiforme ¯ boursière, financière, bancaire, économique ¯ venue pour une bonne part de l'extérieur. La faute aussi à quelques relâchements du gouvernement. Avant de se convertir bruyamment à la règle d'or de l'équilibre des finances publiques, Nicolas Sarkozy a pratiqué, comme ses prédécesseurs, le hors-piste budgétaire.

Mis en oeuvre par un orfèvre assumé de l'orthodoxie gestionnaire, François Fillon, le plan d'assainissement fera-t-il recette auprès des marchés et évitera-t-il au pays le noeud coulant de taux d'intérêt asphyxiants ? Difficile de supputer les réactions d'acteurs financiers de plus en plus imprévisibles. En revanche, on peut penser que la potion amère du retour à la bonne santé illustre un volontarisme minimal qui ne donnera pas à l'opposition les ingrédients d'une mayonnaise polémique durable et politiquement très rentable.

Bien sûr, les leaders socialistes auront beau jeu d'ironiser sur la remise en cause bien tardive du dernier emblème de la politique sarkoziste de rupture : la défiscalisation des heures supplémentaires. Une mesure qui s'est avérée coûteuse, inefficace, et même contre-productive en termes d'emplois.

La copie gouvernementale est suffisamment habile pour parer d'éventuelles attaques frontales. D'abord, la rigueur qui en est le moteur assumé n'est plus taboue dans le champ politique français. Son credo fait largement recette de part et d'autre de la frontière majorité-opposition.

Les ténors socialistes comme ceux de l'UMP partagent la conviction de base que la lutte contre les déficits publics est la condition sine qua non de la croissance. Et qu'elle passe inévitablement par une augmentation des impôts, fut-elle ciblée sur les niches fiscales ! Pour un peu, François Hollande et Martine Aubry en remontreraient même à François Fillon dans le rigorisme gestionnaire ! Le socialisme dépensier ¯ keynésien ¯ s'est singulièrement dévalué, ces derniers temps.

Ensuite, la rigueur fait la manche à tous les guichets. Elle n'épargne apparemment pas grand monde. Le rabot de Matignon rase tous azimuts. Mieux, il donne l'impression de privilégier la chasse au gros. Au prix d'un marketing médiatique savamment articulé avec les « victimes » elles-mêmes, le chef du gouvernement cherche à faire accroire qu'il frappe d'abord les plus riches. Alors que la contribution sur les très hauts revenus relève plus, du symbole que d'une lourde ponction sonnante et trébuchante. Elle est centrale dans l'affichage politique du gouvernement, marginale à la caisse.

Enfin, les deux mesures les plus spectaculaires ¯ remodelage de la défiscalisation des heures supplémentaires et taxation exceptionnelle des hauts revenus ¯ montrent bien que la rigueur évite les chemins escarpés des réformes impopulaires. C'est là, sans doute, la vraie faiblesse du plan Fillon: son manque d'audace réformatrice.

Prudence électorale oblige ? Une fois de plus, le pouvoir fait du toilettage là il faudrait de la chirurgie. Il se garde de toucher au coeur du chef-d'oeuvre baroque ¯ inefficace et injuste ¯ que constitue notre fiscalité. Et s'il se décide à rogner, passagèrement, les hauts revenus, c'est pour mieux oublier de s'attaquer aux racines des salaires « exorbitants ». Il en atténue les effets. Il n'en soigne pas les causes.

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